L'orque

 

Les delphinidés     Un super dauphin     Un clan soudé     Le cri qui tue
Les salutations     Les ogres des mers     Repos et caresses     Tendre maman
A l'école de la vie     Unis pour toujours      Gentils dauphins ou tueurs des mers ?

 

 

Les delphinidés (haut)

Dans le sous-ordre des cétacés à dents ou odontocètes, l'orque ou épaulard appartient à la famille des delphinidés, les dauphins vrais.

Leur point commun : les 2 premières vertèbres de leur cou son soudées. Comme les autres cétacés, ce sont des mammifères marins, obligés de remonter respirer l'air en surface pour remplir leurs poumons.

Cette famille comporte des espèces très différentes, par la taille, le régime alimentaire et surtout l'habitat. Certains dauphins vivent près des côtes ou même dans les fleuves, tandis que d'autres préfèrent le large...

Le dauphin de l'irraouaddy  ou "petit orque du fleuve", vit en bandes sur les côtes de l'Inde orientale, et du nord de l'Australie à la Nouvelle-Guinée. Il aime les eaux boueuses des estuaires, ou abondent crustacés, mollusques, carpes et poissons-chats. Certains restent toute leur vie en eau douce, mais ils sont menacés par les barrages, les pollutions et la destruction des mangroves.

Le dauphin de Risso vit dans toutes les mers chaudes et tempérées du globe. Il adore voyager en compagnie des globicéphales et des dauphins tursiops. C'est un excellent plongeur, capable de rester en apnée plus d'une demi-heure. Cet amateur exclusif de calmars ne possède que deux dents. Heureusement, son palais orné de rugosités et de sinuosités lui permet de retenir ces proies glissantes.

Le dauphin tursiops est aussi appelé dauphin soufleur. Il vit en petites bandes qui parfois se regroupent pour pêcher en super-troupeaux de plusieurs centaines d'individus. Il est victime des grands filets de pêche et des polluants chimiques qui le rendent malade et stérile.

Le dauphin à flancs blancs vit en pleine mer, dans les eaux tempérées du Pacifique Nord. Il se déplace toujours en troupeaux de milliers d'animaux, parfaitement synchrones. Il peut nager sur de courte distance à plus de 40 km/h.

Le globicéphale tropical dort une partie de la journée en surface avant de plonger à plus de 300 m dans le noir des profondeurs pour chasser les grands calmars. Des morceaux de ces céphalopodes flottent parfois en surface après le passage d'un troupeau. De nos jours, cette espèce est encore chassée à Saint-Vincent, dans les Caraïbes.

 

Un super dauphin (haut)

L'orque ondule en surface. Sa nage est puissante. Parfois, il jaillit hors de l'eau et retombe dans une pluie d'éclaboussures. Quel géant ! Pourtant, celui que l'on nomme aussi épaulard n'est pas une baleine... C'est le plus grand et le plus puissant des dauphins. Il peut atteindre 10 mètre de long pour un poids de 9 tonnes.

Avec sa grosse tête arrondie et sa robe noir et blanc, on le distingue facilement des autres mammifères marins. Pour lui, cette coloration est une excellente tenue de camouflage. Dans les eaux sombres où il rôde, ses futures victimes sont trompées par l'alternance de ces 2 couleurs qui modifie sa silhouette.

L'orque poursuit son chemin. On dirait qu'il glisse dans l'eau : sa peau souple amortit les remous. Elle sécrète aussi un produit huileux qui graisse son corps. Il accélère. Attention ! Sa queue puissante le propulse à 65 km/h. C'est le plus rapide des mammifères marins !

L'orque possède 40 à 50 dents pointues qui s'emboîtent lorsque les mâchoires se ferment. Elles servent à retenir ses proies, pas à les mâcher : il les avale entières.

L'orque femelle est beaucoup plus petite que le mâle, mais avec ses 7 mètres de long et ses 4 tonnes, elle est quand même impressionnante.

Femelle        Mâle

L'orque respire en surface toutes les 4 à 5 minutes. Il remplit ses poumons d'air, grâce à l'évent situé au sommet de sa tête. L'air vicié qu'il crache monte à plus de 3 mètres.

Les nageoires de l'orque sont en forme de raquettes. Puissantes et larges, elles peuvent atteindre, chez les grands mâles, 2 mètres de long sur 1 mètre de large.

 

Un clan soudé (haut)

L'orque se dirige vers son clan. C'est l'un des nombreux groupes qui naviguent dans les parages. Ces orques résidents sont regroupés autour de la femelle la plus âgée, mère ou grand-mère de tous ceux qui l'accompagnent. C'est elle, le chef de famille ! Une famille parfois nombreuse, puisqu'elle peut compter jusqu'à 50 orques !

Le mâle s'annonce en lançant le cri d'appel de la troupe. Avant même de le voir, les orques du clan reconnaissent l'un des leurs. Son retour est salué par de nombreux cris aigus, rauques et perçants. Sous l'eau, on ne s'entend plus... Quel vacarme !

Les orques sont les plus bavards des dauphins. Ils communiquent sans cesse entre eux, même à 10 km de distance. Pourtant, tous les orques ne parlent pas la même langue : chaque tribu a son propre dialecte. Parfois, certaines ont quelques sons en commun. Mais, le plus souvent, leur langage est un charabia pour les groupes voisins à l'écoute !

Au milieu des siens, le mâle se distingue par son immense aileron dorsal dressé verticalement. Il mesure jusqu'à 2 mètres de long, celui des femelles ne dépasse pas 90 cm.

Les orques possèdent sur le dos une tache blanche en forme de selle. Chaque marque est différente... comme nos empreintes digitales.

  

Le "cri qui tue" (haut)

Les orques affamés veulent maintenant s'inviter au banquet de saumons. Ils s'étalent en éventail sur 2 km pour avoir plus de chance de repérer leurs proies, tout en restant toujours en contact sonore. Les saumons ne sont plus loin. Ils se sont rassemblés pour remonter la rivière, mais tous n'y parviendront pas... Un orque vient de repérer le banc. Il lance son cri de ralliement au reste du groupe. On l'entend à 9 km de là ! Sans plus attendre, tous se dirigent vers les proies.

Soudain, l'orque fonce droit sur un énorme saumon rouge. Une vibration assourdissante résonne dans l'eau. Le poisson s'arrête, foudroyé net. L'orque l'a assommé à distance, en le bombardant d'ultrasons très puissants.

Les coups de queue donnés pendant la chasse servent à effrayer et à rabattre les petits poissons. Assommés par ces terribles gifles, ils terminent dans la gueule des chasseurs.

Rapidement, l'ombre noire et blanche saisit le poisson et s'enfonce dans l'eau sombre pour ne pas se faire repérer des autres saumons. Une fois la proie engloutie, il attaque à nouveau... La pêche est bonne !

 

Les salutations (haut)

Après la chasse, la troupe nage paisiblement en surface. Soudain, elle s'agite. Il se passe quelque chose ! A l'autre bout de la baie, des orques bondissent hors de l'eau pour annoncer leur retour... Les deux groupes amis se livrent alors à une étrange cérémonie. Sur deux lignes, ils avancent l'un vers l'autre. Tout à coup, quand 50 m les séparent, ils s'arrêtent.

Brusquement, les orques plongent. Sous l'eau, ils se mélangent et se séparent en petits groupes. Sauts, poursuites, roulades : après 2 jours d'absence, les retrouvailles sont bruyantes...

Plus loin, des orques nomades, appelés migrants, traversent en silence le domaine des orques résidents. Ces terribles chasseurs carnassiers se déplacent en zigzag. Ils inspectent chaque crique de l'île à la recherche des phoques et des marsouins dont ils se nourrissent.

Si leur route croisse celle des résidents, jamais ils ne se mélangent. Leurs habitudes de vie sont totalement différentes.

L'orque est très curieux. Il espionne les autres en surface, en sortant la moitié de son corps hors de l'eau. Sa vision aérienne est excellente.

Les orques font la chandelle en balançant leur queue dans l'atmosphère. Peut-être saluent-ils à leur manière les  nouveaux arrivants ?

  

Les ogres des mers (haut)

Les orques migrants quittent le territoire des résidents vers le nord. Contrairement à ces derniers, ils voyagent en petits groupes et patrouillent en silence. Ils ne doivent pas se faire repérer par les mammifères marins qui les craignent terriblement. A la chasse aux phoques, mieux vaut pister à pas de loup...

Ça y est ! Sonar coupé, ils localisent à l'ouïe un groupe d'otaries qui pataugent dans l'eau à quelques mètres du bord. Les orques s'organisent.

Le guetteur reste au large pour empêcher les otaries de fuir. Un autre se montre au loin pour détourner l'attention, tandis que discrètement, le dernier se dirige en plongée vers la proie choisie. Soudain, c'est l'attaque ! Discret, l'orque se rapproche silencieusement tout près de la côte. Les otaries ne sont pas en sécurité sur le sable. L'énorme masse va sortir de l'eau...


Echouage

Une vague immense se soulève ; l'orque saisit l'otarie dans ses effrayantes mâchoires. Le festin commence. Pendant plusieurs semaines, les migrants tuent les otaries une à une. Une fois repus, ils poursuivent leur voyage, en semant la terreur sur leur passage.

Un mâle adulte mange 3 otaries par jour. S'il est rassasié, il peut jouer avec sa proie et la laisser repartir vivante. Il ne tue que pour se nourrir !

L'orque est si puissant qu'il peut lancer en l'air une proie de plus de 100 kg.

 

La proie est assommée à coups de tête et de queue. Complètement disloquée, elle est avalée plus facilement !

  

Repos et caresses (haut)

C'est l'heure de la sieste. La troupe des orques résidents trouve une crique abritée pour somnoler. En ligne, ils se serrent les uns contre les autres. Chacun occupe toujours la même place selon son rang dans la hiérarchie. Le silence s'installe. On n'entend plus que leurs souffles réguliers en surface. Tournés dans la même direction, ils se laissent dériver au gré du courant... Même assoupis, ils ont toujours besoin de se toucher et se caressent du bout des nageoires.

Quelques heures plus tard, la troupe s'ébroue. Le temps consacré au repos peut durer de 1 à 7 heures.

A peine réveillés, ils filent vers leur crique préférée. Son fond est recouvert de galets ronds et lisses. Les orques s'y frottent des heures entières. Mais pourquoi ? Se débarrassent-ils de leurs parasites ? Est-ce pour calmer les démangeaisons de leur peau, qui mue sans arrêt ? Est-ce une récréation ? Mystère ! En tout cas, ils y prennent un grand plaisir.

  

Tendre maman (haut)

Au début de l'automne, c'est la saison des amours ! toutes les troupes d'orques résidents de Vancouver se retrouvent pour un grand rassemblement amoureux. Pendant quelques heures, ils quittent leur famille pour choisir un partenaire.

Les mâles imposent enfin leur loi. L'un d'eux tourne autour d'une femelle en lui touchant les nageoires avec délicatesse. Puis, serrés l'un contre l'autre, les 2 orques roulent en surface en se disant des choses dans leur langage cliqueté... Aussitôt après l'accouplement, le mâle quitte la femelle et retourne vers son clan. Ils s'accouplera ainsi avec plusieurs dames.

A la saison des amours, l'orque peut bondir à la verticale, entièrement hors de l'eau et sur 10 m de long. Il prend alors son élan à plus de 45 km/h.

Les mâles se reproduisent quand ils ont entre 12 et 14 ans. Les femelles ont leur premier-né vers 15 ans, puis tous les 3 à 10 ans jusqu'à 30 ans.

La femelle met au monde un bébé 15 à 17 mois plus tard. Il naît la queue la première et se met aussitôt à nager. Vite ! Sa mère, aidée d'une "tante", le pousse vers la surface pour qu'il prenne sa première inspiration. La maman orque apprend tôt à son petit à venir s'échouer sur la plage pour attraper des proies. Elle le pousse pour lui montrer jusqu'où s'avancer.

Déjà, sa maman le cajole tendrement... Les liens qui les unissent vont durer toute la vie.

  

A l'école de la vie (haut)

Bébé orque est un géant ! Il pèse 180 kg et mesure plus de 2 m de long à la naissance. Comme il n'a pas de lèvres, il ne peut pas téter seul. Alors, sa mère contracte sa glande mammaire pour que le lait chaud, riche en graisse, gicle dans la bouche du nouveau-né...

Très vite, le petit orque ne se contente plus du lait maternel. A 6 mois, il lui faut du solide. Au début, sa mère lui offre ses poissons, mais rapidement, il l'accompagne à la chasse et l'imite maladroitement.

Dès la première année de sa vie, il subit un entraînement sévère. Il lui faut tout apprendre : le langage de sa troupe, les raccourcis entre les îles, les criques où l'on dort, les stratégies de chasse et comment plonger jusqu'à 300 m de profondeur.

Les mois passent, le jeune orque résident se spécialise dans la pêche au click... Quand au petit orque migrant, il devient à son tour un terrible prédateur craint par tous les animaux de la mer.

Panique chez les manchots ! Pourchassés dans l'eau, ils ne sont pas non plus à l'abri sur la glace !

Les orques migrants tuent des dauphins, des phoques, des éléphants de mer et même des baleines qu'ils attaquent en meute, comme les loups !

  

Unis pour toujours (haut)

Bientôt l'hiver. Les forêts de pins et d'érables aux tons flamboyants se recouvrent de neige. Les orques résidents, bien nourris grâce aux saumons, vont affronter les mois froids de l'année en bonne condition.

Dans les eaux bleues qui bordent les rives ouest du Canada, le jeune orque est devenu un adolescent. Il s'éloigne parfois de sa maman pour passer un peu de temps avec ses frères et sœurs ou d'autres orques d'une famille de passage... Ensemble, ils se poursuivent et virevoltent dans des bains de vagues et d'écume. Mais, après les jeux et les défis, le jeune revient toujours au côté de sa mère.

Puis, petit à petit, en vieillissant, les jeunes se détachent de leur maman, surtout les femelles qui à leur tour donnent naissance à un bébé. Mais ils restent toujours dans la même famille. Les groupes ne se défont jamais, sauf si la mort les sépare. Le seul refuge de l'orque, dans l'immense océan, c'est son clan.

En liberté, le mâle vit en moyenne 29 ans et la femelle 50 ans. Certaines vont jusqu'à 80 ans ! Sans ennemis naturels et à l'aise sous tous les climats, l'orque est vraiment le seigneur des océans...

 

Gentils dauphins ou tueur des mers ? (haut)

Killer whale, baleine tueuse, dans toutes les langues, l'orque est considéré comme un tueur terrifiant. Pendant longtemps, les hommes en ont eu peur. Pourtant, le plus terrible des prédateurs carnivores marins ne s'attaque jamais à l'homme ! Aujourd'hui, notre attitude envers cet animal intelligent, fort et organisé, a changé. Mais des menaces planent encore...

L'ennemi devenu ami...
Le folklore marin donne à l'orque sa réputation de prédateur vorace et contribue à son impopularité. Les premiers orques sont capturés et exposés dans des zoos marins. Alors l'attitude du public change. Des millions de gens prennent soudain conscience que ces animaux ne méritent pas leur féroce réputation mais qu'ils sont, en revanche, intelligents, curieux et coopératifs.

 

Les orques, ces méconnus !
Au début des années 70, des scientifiques nord-américains s'intéressent à cette espèce. Leur travail est d'identifier chaque orque grâce à la selle et à la découpe de l'aileron dorsal (aussi différent que le nez chez les humains), et surtout d'étudier leurs vocalisations.

Les chercheurs numérisent sur ordinateur chaque cri et découvrent un répertoire varié, composé de dialectes différents et d'accès régionaux, comme chez les hommes. Aujourd'hui, leur travail consiste à établir la relation entre les sons et les comportements.

 

L'orque captif...
L'orque n'attaque jamais celui qui le capture. Capable de faire des bonds extraordinaires, il se laisse pourtant docilement enfermer dans un filet. Mais une fois captif, il est condamné au silence : celui qui partage son bassin ne parle souvent pas la même langue. Alors ils s'ignorent et sombrent dans la mélancolie. Souvent, ils deviennent agressifs entre eux et envers leurs gardiens. Il y a 20 ans, les zoos marins suscitaient l'enthousiasme du public. Mais aujourd'hui, le spectacle des orques dans un bassin est-il toujours d'actualité ?

 

Quel avenir pour les orques ?
Les orques sont aujourd'hui protégés par de nombreux pays. Au Canada, tuer, ou seulement en déranger un, est puni de prison. Mais d'autres dangers les guettent : pollution chimique et sonore, industrialisation et surpêche ont un impact direct sur leur habitat. De plus, la Commission baleinière internationale pourrait autoriser une réduction des effectifs, sous l'influence des pêcheurs japonais, islandais et norvégiens qui accusent l'orque de concurrence redoutable. Seul l'engagement du public et des scientifiques peut préserver le milieu de vie des orques et leur avenir...