L'ASSASSINAT DE MARTIN LUTHER KING JR.
Le 4 Avril 1968, alors qu'il se repose au balcon d'un motel de Memphis, Martin Luther King est touché d'une balle en pleine tête. A l'annonce de la mort du leader noir, les premiers heurts éclatent. Ils feront près de cinquante morts et deux mille six cents blessés dans cent vingt-cinq villes. Plus de vingt et un mille personnes seront arrêtées.
Les menaces, si nombreuses, s'étaient faites pressantes ces derniers temps. Prenant la parole, la veille encore, à Memphis, il avait prononcé un sermon prémonitoire : "Je vois, disait-il, la Terre promise ! Ce qui va m'arriver maintenant m'importe guère. Car je suis allé au sommet de la montagne et je ne m'inquiète plus.".
Nourri du courage et des convictions de cet homme si simple et généreux, un mythe écrasant déjà se construit. A qui profitera-t-il ? A la Maison Blanche, où le président Johnson s'efforce de réveiller les consciences blanches ? Drapeaux en berne, journée de deuil national, minute de silence à la Bourse, tout est fait pour utiliser le climat émotionnel. Le gouvernement souligne avec une ostentation satisfaite que jamais pareilles mesures n'ont été prises pour honorer un Noir. A moins que cette nouvelle "aura" posthume de King ne soit plus utile finalement à cette communauté noire.
La réponse s'impose d'elle-même le 9 Avril 1968. Plus de cent mille personnes suivent le corbillard, tiré par deux mules dans les rues d'Atlanta, jusqu'à la petite église baptiste Ebenezer, dont il était le pasteur.