Dieux et Héros de la Mythologie Grecque

 

Documentations (livre de Gilles Van Heems aux Editions Librio), le net, Universalis et autres...

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Antigone...

Fruit des amours incestueux entre Oedipe et Jocaste. Antigone a une soeur, Ismène, et deux frères, Etéocle et Polynice. Elle est l'incarnation de la piété filiale et fraternelle, puisqu'elle accompagne son père jusqu'à Colone, quand il se força à partir en exil, après avoir découvert qu'il avait épousé sa propre mère. Après la mort de son père, Antigone revient à Thèbes, que gouvernait alors son frère Etéocle ; à l'issue de la guerre où s'entre-tuèrent les deux frères (Etéocle, Polynice), Créon, l'oncle des enfants d'Oedipe, organisa des funérailles publiques en faveur d'Etéocle, mais interdit à Polynice, jugé ennemi public toute sépulture. Antigone, invoquant les "lois non écrites" dictées par les dieux, passa outre à cet interdit, et alla ensevelir son frère proscrit ; Créon l'apprit et la condamna à mort au nom de l'Etat. La jeune fille fut enterrée vive dans le tombeau de ses ancêtres ; son fiancé Hémon l'accompagna dans la mort en se suicidant.

 

Aphrodite...

Aphrodite est la plus belle des déesses et règne sur l'amour et le désir. Contrairement à tous les autres Olympiens, elle ne descend pas de Cronos, mais directement d'Ouranos ; on raconte, en effet, que lorsque Cronos trancha les organes sexuels de son père, les gouttes de sang et de sperme donnèrent naissance, au contrat de la mère : à Aphrodite.

On la dite née de l'écume. Au sortir des flots, elle fut portée jusqu'à Cythère, puis jusqu'à Chypre, îles consacrées depuis ce jour à la déesse, par le souffle puissant des Zéphyrs ; là, les Heures, déesses des saisons, et les Grâces l'habillèrent et la parèrent avant de l'emmener chez les dieux qui, ravis par sa beauté, l'accueillirent dans la joie.

Elle est la divinité qui inspire le désir charnel à toutes les créatures, et sa puissance n'a aucune borne, puisqu'elle peut contraindre le coeur des hommes comme celui des immortels. Son attribut principal est, on le comprend sans peine, sa nudité et c'est dans ce simple appareil qu'elle est le plus souvent représentée. Les colombes lui sont consacrées, dans la mesure où leur plumage sans tâche et leur vol gracieux semblent rendre hommage à la déesse ; on dit même qu'elle possède un char tiré par ces oiseaux.

Aphrodite est à l'origine de la guerre de Troie et du siège de dix ans qui s'y déroula. En effet, le jour des noces de Pélée et de Thétis, les parents d'Achille, Eris, qui, pour des raisons évidentes, n'avait pas été invitée aux noces, décida de se venger en lançant sur la table du festin une pomme sur laquelle était écrit "à la plus belle".

Trois déesses prétendirent à ce titre et voulurent avoir la pomme : Héra, Athéna et Aphrodite. Zeus, qui n'osait départager de peur de représailles, chargea Hermès d'emmener les trois rivales auprès d'un berger troyen, Pâris.

Les trois déesses tentèrent alors de corrompre le juge : Héra, femme du grand Zeus, lui proposait le pouvoir : Athéna, déesse de l'intelligence et de la guerre, lui promettait une vie de sagesse et l'invincibilité au combat, Aphrodite, quant à elle, n'eut qu'un mot à lui dire : "Hélène" ; c'était la plus belle femme au monde, et Pâris fut conquis à la seule idée de pouvoir l'épouser. Aphrodite fut ainsi déclarée, sans trop de difficulté, la plus belle et gagna la pomme de la discorde. Pâris se rendit aussitôt à Sparte, où vivaient Hélène et son royal mari, Ménélas, et la déesse l'aida à enlever la jeune femme, donnant ainsi le départ à l'expédition des armées achéennes contre Troie.

Le jugement de Pâris décida des préférences d'Aphrodite pour les Troyens ; elle sauva la vie de son protégé lors de son duel contre Ménélas ; elle veillait aussi sur son fils Enée et le défendit contre Diomède ; elle le guida également tout au long de son périple qui devait le conduire en Italie, après la prise de Troie par les Achéens.

Aphrodite eut, on s'en duite bien, de nombreuses aventures amoureuses, avec des dieux comme avec des hommes ; parmi les plus célèbres, il convient de rappeler son amour pour le bel Adonis.

 

Apollon...

Apollon est une très ancienne divinité, peut-être pré-grecque. Létô, enceinte de Zeus, encourait la jalousie d'Héra, qui ne supportait pas la nouvelle infidélité de son mari ; or, cette dernière avait ordonné à la terre entière de refuser à Létô un endroit pour accoucher. L'indésirable finit néanmoins par trouver refuge dans une île flottante, minuscule caillou ballotté par les flots, qui accepta de devenir le lieu de naissance des enfants de Létô, en échange de la célébrité. Et de fait : dès que Létô eut mis au monde ses jumeaux, Artémis d'abord puis Apollon, l'île se fixa en prenant le nom de Délos "la visible".

Cet Olympien incarne la lumière solaire dans toute son ambivalence. Destructeur comme l'astre du jour, il est le dieu qui purifie par sa chaleur brûlante. C'est lui qui envoie la peste et lance les flèches qui déciment les hommes. Mais il est aussi le dieu qui guérit, et, comme son fils Asclépios, il est la divinité tutélaire des médecins. Assimilé au soleil, il est le dieu qui voit et sait tout.

Apollon se mit très vite à chercher un lieu où il pût rendre oracle et annoncer aux hommes ce que le destin leur réservait. Parcourant la mer sur un dauphin, il débarqua à un endroit, dominé par une colline où vivait un monstre terrible, Python, serpent gigantesque, fils de Gaia, qui, du fond de son antre obscur, rendait déjà un oracle. De toute évidence, la place était déjà prise. Qu'à cela ne tienne : Apollon défia le monstre et le putréfia à l'aide de ses flèches de lumière. Il avait gagné, brillamment, la bataille, mais souillé par le sang de Python, il dut aller se purifier avant de pouvoir devenir le dieu officiel de l'oracle le plus célèbre du monde grec, consulté par les plus grands souverains de l'Antiquité. La ville prit le nom de Delphes, parce que, croyait-on, le dieu y était arrivé à dos de dauphin (en grec, delphis). Apollon répondait aux fidèles à travers la bouche d'une vierge du pays, appelée la pythie, en souvenir de l'ancien occupant des lieux.

D'une beauté extraordinaire, Apollon n'eut portant pas que des succès auprès de ceux et celles qu'il voulait séduire. Cassandre, la belle Troyenne, repoussa ses avances ; la nymphe Daphné, poursuivie par un Apollon très entreprenant, résolut de s'enfuir ; quand elle se trouva bloquée dans sa fuite par le fleuve Pénée, son propre père, la nymphe (qui avait fait voeu de rester vierge), le pria de la sauver : et au moment où Apollon approcha les mains de celle qu'il aimait, il toucha l'écorce et le feuillage d'un laurier (Daphné signifie "laurier" en grec). Eperdu d'amour, il en fit son arbre sacré.

Le dieu eut une violente dispute avec Héraclès, un jour que ce dernier, après le meurtre d'Iphitos, alla consulter la pythie à Delphes ; il voulait savoir, en effet, comment il pourrait expier ce crime et se libérer de sa folie. La pythie, horrifiée, refusa d'abord de lui répondre.

Héraclès, qu'il valait mieux ne pas contrarier, s'empara alors du trépied sacré sur lequel la pythie dévoilait les prophéties d'Apollon, et ce dernier apparut pour reprendre son bien. Zeus dut séparer ses enfants, et Apollon finit par dévoiler à son demi-frère qu'il serait guéri quand il aurait servi trois ans comme esclave. Le héros remercia Apollon et en propagea le culte au cours de ses voyages par amitié pour un dieu qui, comme lui, n'avait pas eu honte d'être l'esclave d'un homme.

 

Arès...

Olympien, fils de Zeus et d'Héra, Arès est le dieu de la guerre ; il règne sur les champs de bataille, et se réjouit des carnages et des combats sanguinaires. D'une beauté toute virile, d'une stature imposante, il se montre aux hommes accompagné d'un cortège épouvantable, composé de ses enfants Deimos et Phobos ("Terreur" et "Effroi"). On le représente généralement avec la barbe et armé d'un casque, d'une cuirasse, d'une lance, d'une épée et d'un bouclier ; le vautour, parce qu'il vole souvent au-dessus des champs de bataille désertés, lui est consacré.

Ce dieu de violence, qui sème la terreur et l'épouvante sur son passage, préside, avec Athéna, sa demi-soeur, à la guerre.

Ainsi, au cours de la guerre de Troie, Athéna aide Diomède à blesser Arès qui combattait au milieu des Troyens ; quand, dans ses pérégrinations, Héraclès dut combattre Cycnos, fils d'Arès devenir brigand de grand chemin, Arès prit part à la bataille pour sauver son fils ; il lança sa lance sur Héraclès, qui aurait été tué, si Athéna elle-même ne l'avait protégé de son bouclier ; profitant de la confusion, Héraclès frappa Arès à la cuisse, qui s'enfuit piteusement vers l'Olympe.

Arès, fort de sa virilité, eut plus d'une partenaire ; sa compagne la plus célèbre fut Aphrodite, avec qui il eut une relation adultère. Cette union de la beauté et de la force, du désir et de la violence, donna naissance à de nombreux enfants : Eros "Désir amoureux", Harmonie, Deimos et Phobos. Il eut une descendance nombreuse avec des mortelles ; mais ces enfants, pour la plupart, s'illustrèrent comme criminels ou bandits de grand chemin.

 

Ariane...

La belle Ariane, fille de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé, joue un rôle important dans les exploits de Thésée en Crète.

Tombée amoureuse du héros athénien, elle lui donne une pelote de fil pour lui permettre de retrouver son chemin dans le labyrinthe de Dédale, où est enfermé le Minotaure. Après sa victoire sur le monstre, Thésée emmène sa promise avec lui ; mais il dut l'abandonner, alors qu'elle dormait, sur l'île de Naxos ; il lui était interdit, selon les lois divines, de l'épouser, puisqu'il avait tué son demi-frère, le Minotaure - Ariane et le monstre étaient en effet tous deux enfants de Pasiphaé. Eperdue de tristesse, la jeune fille fut consolée par l'arrivée de Dionysos et de son cortège sur l'île de Naxos. Charmé par sa beauté, il l'épousa et l'emmena même sur l'Olympe.

 

Artémis...

Fille de Zeus et de Létô, Artémis est la soeur jumelle d'Apollon et son aînée ; à peine née, elle aida à sa mère à accoucher de son frère. Elle forme avec lui un couple complémentaire qui représente le ciel sous ses deux aspects ; tandis qu'Apollon est la lumière diurne qui illumine le ciel et la terre, Artémis est la Lune dont l'éclat blafard donne à la terre une apparence secrète et mystérieuse.

Si à Apollon reviennent l'or et sa luminosité étincelante, Artémis préfère l'argent et ses reflets pâles et froids ; le frère a connu mille aventures amoureuses, mais la soeur a fait voeu de toujours rester vierge.

Elle s'oppose ainsi à une autre déesse de la nature, Déméter, qui a en partage la nature cultivée, civilisée par l'homme. Artémis préside aussi à l'activité que l'on pratique dans cette nature non cultivée, la chasse, et c'est sous les traits et l'habit d'une chasseresse, vêtue d'une tunique courte pour lui permettre de courir, et armée d'un arc et d'un carquois aux flèches d'argent, qu'elle est le plus souvent représentée. La biche, vierge farouche de la forêt, rebelle au joug et à la main de l'homme, est l'animal qui lui ressemble le plus.

Les aventures que l'on prête à la déesse illustrent son caractère farouche et un tantinet "sauvage" ; fort vindicative, elle avait pour rôle d'emporter les femmes dans une mort violente, mais sans douleur...

 

Asclépios...

Fils d'Apollon et de Coronis, Asclépios est un héros passé maître dans l'art de la médecine. Il tient son savoir moins de son père que du centaure Chiron, qui l'éleva.

Il trouva même le moment de ressusciter les morts, grâce au sang de Méduse qui lui avait confié Athéna ; et c'est parce que Zeus craignait que cette découverte ne menaçât l'ordre du monde qu'il foudroya Asclépios ; Apollon pour se venger, tua alors les Cyclopes et transforma son fils en constellation, le Serpentaire.

Car le serpent, et plus précisément deux serpents enlaçant un bâton, le caducée, sont le symbole d'Asclépios, devenu très vite figure tutélaire des médecins.

Très tôt son culte se développe à Epidaure, et la tradition lui attribue de nombreux enfants, dont Panacée, "celle qui soigne tout".

 

Astyanax...

Astyanax ("Seigneur de la ville") n'est que le surnom donné par les Troyens au fils du grand Hector et de la belle Andromaque, en l'honneur de son père, le héros de la cité.

Ses parents l'appellent Scamandrios, du nom du fleuve qui arrose Troie. Dans l'Iliade il n'est qu'un tout jeune enfant et apparaît à la scène d'adieu d'Hector à Andromaque.

Son sort à la fin de la guerre varie selon les sources ; d'après certains, il est précipité du haut des murs de Troie par les chefs achéens ; mais d'autres le font survivre et devenir un héros fondateur de nouvelles cité.

 

Athéna...

Athéna, déesse olympienne, est fille de Zeus et de Métis, la sagesse personnifiée. Elle symbolise originellement la foudre dans son éclat lumineux, ainsi que l'indique la légende de sa naissance : Zeus, une fois assis sur le trône, comprit qu'il ne pourrait garder le pouvoir sans la sagesse de Métis qui était sa femme ; or, un oracle avait prédit que la mari de Métis serait vaincu par l'enfant qu'il aurait d'elle. Il décida donc d'avaler la jeune mariée et assimila ainsi la sagesse de son épouse, ainsi que l'enfant qu'elle portait.

Mais un jour éprouvant de vives douleurs à la tête, il demanda à Héphaïstos de venir le délivrer en lui donnant un coup de sa hache ; le divin forgeront s'exécuta, et dans un fracas épouvantable le front de Zeus s'ouvrit et laissa sortir une Athéna adulte et en armes de son cerveau.

Mais Athéna, comme les principaux dieux grecs, est avant tout la personnification d'une puissance élémentale, l'éclair : elle sort en effet du "front" de Zeus, c'est-à-dire du ciel ; la lance qu'elle porte rappelle la puissance dévastatrice de la foudre et son casque brillant, la lumière aveuglante de l'éclair.

Comme sa demi-soeur Artémis, Athéna a fait voeu de rester vierge ; mais la ressemblance ne va pas plus loin : Athéna est une divinité "urbaine", comme en témoigne la tradition qui en fait la déesse protectrice de nombreuses cités, sont la plus célèbre, puisqu'elle porte son nom, est Athènes elle-même.

C'est elle qui fournit à Persée les objets qui lui permettent de vaincre Méduse et de rapporter sa tête ; le glaive tranchant d'Arès, les sandales ailées d'Hermès qui permettent de voler ; le casque de Hadès qui rend invisible et, surtout, son propre bouclier.

Cette guerrière farouche prit naturellement part à la bataille opposant les dieux aux Géants ; elle mit à mort Pallas en l'écorchant et poursuivit Encelade jusqu'en Sicile. Elle eut alors l'idée de lui jeter dessus l'île de Sicile tout entière pour l'immobiliser à tout jamais.

Depuis le jugement de Pâris (voir Pâris), Athéna est hostile aux Troyens, et lors de la guerre, elle soutient surtout Ulysse, dont la ruse et l'inventivité lui sont particulièrement agréables. Elle intervient directement dans la batille pour soutenir Diomède durant son combat entre Arès, qui était descendu sur le champ de bataille. La déesse guida la lance du soldat achéen qui alla frapper le ventre d'Arès et le fit s'enfuir, honteux et dépité.

Toutefois, au cours du sac de la ville, la barbarie d'Ajax fils d'Oïlée la fit changer de camp : celui-ci viola Cassandre dans le temple de la déesse devant sa propre statue, qui, horrifiée, détourna le regard. Elle n'accorda dès lors sa protection qu'à Ulysse et chercha à perdre les autres Achéens.

Figure de l'intelligence sous toutes ses manifestations, Athéna était adorée, nous l'avons dit, comme la patronne des techniques et de l'industrie humaine.

La légende d'Arachné l'illustre à merveille : Arachné ("Araignée") était une jeune Lydienne qui avait acquis une grande réputation dans l'art de tisser et de broder. Elle devint tellement célèbre qu'elle se mit, tant son orgueil enflait à mesure de l'admiration qu'on portait à son travail, à défier Athéna de faire si bien qu'elle.

La déesse accepta de participer au concours afin de la punir de sa démesure, qui était, aux yeux des Grecs, la plus grave faute qu'un être pouvait commettre. Athéna, dit-on, stupéfaire de la perfection du travail de sa rivale, transforma Arachné en araignée, qui depuis passe sa vie à tisser.

 

Atrée...

Fils de Pélops et d'Hippodamie, Atrée et son frère Thyeste sont le prototype des frères ennemis ; au même titre qu'Etéocle et Polynice ; mais la haine que ces personnages se vouent franchit un degré supplémentaire dans horreur et la sauvagerie. Les crimes commis par Atrée sont à l'origine d'une malédiction qui pèse sur sa descendance, les Atrides, représentés par Agamemnon, Ménélas et leurs propres enfants.

Chassés par Pélops pour le meurtre de leur demi-frère Chrysippos, Atrée et son frère trouvent refuse à Mycènes chez le père d'Eurysthée ; à la mort du roi, les habitants de Mycènes demandent, pour se conformer à un oracle, qu'un descendant de Pélops monte sur le trône. La rivalité d'Atrée et Thyeste naît de là.

Atrée prend le pouvoir grâce à Zeus qui oblige le Soleil à se coucher à l'Est, prouvant ainsi qu'il soutient Atrée. Devenu roi, celui-ci exile immédiatement son frère.

Mais comme il avait appris que sa femme, Aéropé, l'avait trompé avec Thyeste, il conçut une abominable vengeance. Il invita son frère à un banquet de réconciliation, au cours duquel il lui donna à manger ses propres enfants découpés en morceaux. Après le repas, il lui révéla la composition du menu, et, ivre de joie, le chassa à nouveau. Thyeste alors viola sa propre fille, Pélopia, pour lui donner un fils, Egisthe, qui lui permit de se venger.

 

Atrides...

On désigne par ce nom ("les fils d'Atrée") Agamemnon, Ménélas et leur propre descendance.

Cette famille est en proie à une terrible malédiction depuis le crime commis par Atrée contre son frère ; elle n'en fut libérée qu'après la vengeance d'Oreste et son acquittement au tribunal de l'Aréopage.

 

Bellérophon...

Ce héros corinthien était, selon la légende, fils de Poséidon. Mais c'est Glaucos, fis de Sisyphe, le mari de sa mère, qui l'a élevé.

Bellérophon s'était réfugié chez le roi Proétos à la suite d'un homicide, mais celui-ci, croyant qu'il cherchait à séduire sa femme, l'envoya chez le roi de Lycie, Iobatès, avec ordre de le mettre à mort. Le roi le pria alors de se débarrasser son pays de la Chimère - montre mi-chèvre mi-lion qui crachait du feu et dont la queue était un serpent -, certain qu'il ne survivrait pas.

Mais les dieux veillaient. Poséidon, dieu des chevaux, selon les uns ou Athéna selon les autres, en lui offrant un mors magique, lui permirent de dompter Pégase, le cheval ailé. Grâce à cette monture surnaturelle, Bellérophon vint à bout sans peine de la Chimère, Iobatès, étonné d'un tel exploit, lui confia d'autres missions dangereuses, dont le héros revenait toujours vainqueur ; il finit alors par reconnaître en lui le fils d'un dieu, et en fit son héritier.

 

Cadmos...

Cadmos est le fils d'Agénor, roi de Tyr, et de Téléphassa. Son père l'envoya lui, ainsi que ses frères, à la recherche d'Europe (qui avait été enlevée par Zeus, transformé en taureau...Zeus).

Arrivé en Grèce, Cadmos apprend par l'oracle de Delphes qu'il doit fonder une ville, là où s'arrêterait une vache. En phocide, il se mit à suivre une vache, dont les flancs étaient tachés de blanc, jusqu'en Béotie, où elle s'arrêtera, épuisée de fatigue : c'est là que le héros décida de fonder Thèbes. Il trouva non loin une source qui était gardée par un terrible dragon engendré par Arès ; Cadmos le tua et, sur les conseils d'Athéna qui lui était apparue en rêve, il prit les dents du monstre et les mit en terre ; aussitôt surgirent des soldats tout armés, appelés Spartoi ("les semés").

Cadmos, cependant, dut servir pendant huit ans Arès, qu'il avait offensé en tuant son descendant ; mais après sa pénitence, il devint roi de Sparte et pu épouser Harmonie, la fille d'Arès. Leurs noces furent fastueuses,  et tous les dieux y participèrent. Le coupe eut quatre filles, Autonoé, Ino, Agavé et Sémélé, la mère de Dionysos.

Héros fondateur de Thèbes, Cadmos est donc à l'origine du cycle légendaire thébain et passe surtout pour un roi sage.

 

Calchas…

Calchas est le plus fameux devin du monde grec ; originaire de Mycènes, il reçut son don d'Apollon et fut associé à l'expédition contre Troie en qualité de "devin officiel".

 

Cassandre…

Fille de Priam et d'Hécube, Cassandre est la soeur jumelle d'Hélénos et la soeur cadette d'Hector. Elle a reçu le don de prophétie d'Apollon lui-même : le dieu tomba amoureux de la jeune fille et lui promit le don de divination en échange de son amour ; mais Cassandre refusa de se donner à lui et Apollon, pour la punir de ce refus, la condamna à prophétiser sans jamais être crue.

Ainsi Cassandre passa-t-elle son temps à prêcher dans le désert : en vain elle annonça, lorsque Pâris emmena à Troie Hélène, que cet enlèvement causerait la ruine de la ville ; elle s'opposa sans effet à ce qu l'on fît entrer le grand cheval de bois, rempli de soldats, laissé sur la plage par les Achéens.

Lors de la prise de Troie, Ajax, fils d'Oïlée, fit tomber sur les Achéens la colère d'Athéna en violant Cassandre devant sa propre statue, qui détourna les yeux de la scène.

Cassandre, condamnée à dire la vérité sans pouvoir persuader, est une figure tragique par excellence, qui annonce un malheur dès lors inéluctable. Elle fut associée, après la guerre, au destin d'Agamemnon, dont elle devint la prisonnière. A cause de l'amour que le roi lui portait, elle fut assassinée avec lui par la fureur de Clytemnestre.

 

Charon…

Charon est un démon infernal, dont le rôle est de faire passer les morts de l’autre côté du Styx, le fleuve des Enfers. Il est représenté comme un passeur, sur sa barque, avec une longue gaffe en main.

 

Chiron…

Fils de Cronos, qui avait pris la forme d’un cheval, et d’une fille d’Océan, Chiron a l’apparence d’un centaure, mais n’appartient pas au groupe des centaures, qui sont nés d’Ixion. Doué de l’immortalité, il avait acquis une grande sagesse et avait été l’ami de Pélée, le père d’Achille ; il fut le précepteur de nombreux héros, comme Achille, Jason ou Asclépios. Il fut un jour blessé par une flèche d’Héraclès, dont le poison était incurable. Retiré dans sa grotte, il ne put trouver le repos qu’en recevant le don de mortalité de la part de Prométhée.

 

Circé…

Cette fille d’Hélios est la sœur d’Aeétès, roi de Colchide, et la tante de Médée. Comme sa nièce, Circé est une puissante magicienne, qui joue un grand rôle lors du périple d’Ulysse sur les côtes de l’Italie.

 

Clytemnestre…

Fille de Tyndare et de Léda, elle est née du même œuf que Castor, tandis qu’Hélène et Pollux sont fils de Zeus transformé en cygne. Clytemnestre eut pour premier mari Tantale, fils de Thyeste. Mais celui-ci fut tué par Agamemnon qui la prit de force pour épouse.

L’outrage trouva son comble, aux yeux de Clytemnestre, avec le sacrifice d’Iphigénie à Aulis. Rentrée à Argos, elle n’eut de cesse d’ourdir sa vengeance ; avec son amant Egisthe elle assassina son mari dès son retour de Troie. Oreste et Electre vengèrent la mémoire de leur père sept ans après, en tuant Clytemnestre et son amant, mettant fin à la malédiction qui pesait sur les Atrides.

 

Cronos…

Fils d’Ouranos et de Gaia, Cronos est le plus jeune des Titans ; il appartient à la génération des dieux ayant régné sur terre avant l’avènement des Olympiens qui sont issus de lui ; la tradition lui attribue aussi comme fils Chiron.

Cronos prit le pouvoir en tuant son père, à la demande de sa mère ; il émascula Ouranos et, une fois sur le trône, fit emprisonner ses frères, les Hécatonchires (des géants dotés de cent bras) et les Cyclopes ; marié à l’une de ses sœurs, Rhéa, il gouvernait le monde.

Comme Gaia lui avait prédit qu’il serait détrôné par l’un de ses fils, il dévorait systématiquement ses enfants, Hestia, Déméter, Héra, Hadès et Poséidon. Mais quand Rhéa mit au monde Zeus, elle le cacha et donna une pierre emmaillotée à la voracité de son mari, qui ne s’aperçut de rien.

Une fois adulte, Zeus vint libérer ses frères et sœurs et, tous ensemble, ils combattirent Cronos et les Titans. La victoire revint aux Olympiens, une fois que Zeus eut délivré les Hécatonchires et les Cyclopes ; Cronos et les Titans, vaincus, furent enchaînés à leur place.

 

Danaé…

Fille d’Acrisios, roi d’Argos et d’Eurydicé, Danaé est la mère de Persée ; alors qu’elle était enfermée dans une tour de bronze, réputée imprenable, par son père, qui avait appris d’un oracle que son petit-fils le tuerait, Zeus, qui l’aimait, se changea en pluie d’or et s’infiltra à l’insu d’Acrisios dans la prison de la belle. A la naissance de Persée, le roi, de peur que l’oracle ne se réalise, exposa mère et fils sur un radeau.

 

Dédale…

Archétype de l’artiste/artisan, capable de créer tout ce que son cerveau conçoit, Dédale passait pour être le père de toute une série d’inventions.

Exilé à la cour du roi Minos, il se met au service de la famille royale : il invente pour Pasiphaé, la femme de Minos, que Poséidon avant rendue folle d’amour pour un taureau, un déguisement de vache, qui lui permet de s’accoupler à la bête ; il construit pour Minos le fameux labyrinthe où est enfermé le Minotaure ; il suggère à Ariane de donner à Thésée, pour l’aider à se guider dans le « dédale » qu’est le labyrinthe, une pelote de fil.

Quand Minos eut découvert la trahison de son architecte, il l’enferma, avec son fils Icare, dans le labyrinthe ; Dédale eut l’idée de coller sur son dos et sur celui de son fils une paire d’ailes et gagna ainsi la Sicile, où il se cacha à la cour du roi Cocalos. Minos le retrouva mais fut tué avant de pouvoir se venger.

 

Déméter…

Fille de Cronos et de Gaia, Déméter est une Olympienne de la première génération. Elle forme un couple symbolique et mystique avec Korè (« la jeune fille »), l fille qu’elle a eu de Zeus, son frère, au point qu’elles sont souvent adorées ensemble.

Cette déesse-mère, à distinguer de Gaia, la terre des origines, incarne la terre cultivée ; on la représente souvent par un épi de blé, qui est le produit par excellence de l’agriculture, cet art bienfaisant qu’elle a enseigné aux hommes. Le pavot, et plus généralement, les fruits et les légumes lui sont consacrés.

Son oncle Hadès, tombe amoureux de Korè et décida de l’enlever. Il fit s’ouvrir la terre sous les pieds de la jeune fille et l’emporta sur son char dans les méandres de son royaume souterrain. Là, il l’épousa, et la jeune fille, qui prit désormais le nom de Perséphone, régna avec lui sur les Enfers.

Déméter, qui n’avait entendu qu’un cri, se mit à chercher, folle de douleur, sa fille pendant neuf jours et neuf nuits, sans prendre ni repos ni nourriture. Quand elle eut appris que son propre frère avait commis cet acte, elle décida de quitter ses fonctions. Affranchis de son autorité, les plantes cessèrent de croître, les arbres perdirent leurs feuilles, bref, le monde était menacé de désertification et les hommes de famine.

Zeus, pour le salut de tous, dut intervenir et ordonna à son frère de rendre Korè à sa mère. Mais la malheureuse jeune fille avait mangé, dans son exil souterrain, un pépin de grenade. Or, une loi inflexible voulait que quiconque avait mangé quoi que ce fût dans le royaume des morts ne pût jamais en ressortir. Déméter, au comble du désespoir, menaçait d’abandonner à tout jamais le monde. Zeus trouva un compromis : durant six mois Perséphone resterait auprès de son mari dans le monde d’en bas, mais durant les six autres mois, elle serait rendue à sa mère.

Ce mythe explique ainsi pourquoi pendant six mois (automne-hiver), le monde végétal est dépouillé ; toutes les plantes se désolent avec Déméter de l’exil de Korè-Perséphone ; les feuilles tombent comme les larmes de la déesse. En revanche, dès que la jeune fille retourne auprès de sa mère, au début du printemps, et jusqu’à la fin de l’été, la végétation renaît et les moissons sont abondantes.

Au-delà de cette explication superficielle, le mythe insiste de manière pertinente sur le lien symbolique qui unit intimement le monde végétal au monde souterrain ; pour les Grecs, tout ce qui sur terre pousse et fleurit ne peut exister qu’avec l’accord du maître du royaume souterrain. Koré-Perséphone symbolise avec force ce lien entre la surface de la terre, cultivée, et son riche sous-sol qui nourrit les cultures.

 

Dionysos…

L’histoire de Dionysos est celle d’un dieu qui peine à prouver sa légitimité ; fruit des amours de Zeus pour une mortelle, Sémélé, la fille du roi de Thèbes, Cadmos, Dionysos aurait dû n’être qu’un « demi-dieu ».

Les circonstances de sa naissance, expliquent son statut divin : Sémélé, exalté par l’idée d’avoir eu le grand Zeus pour amant, s’en vanta immédiatement, avec une jubilation compréhensible, à ses sœurs ; celles-ci, mi-jalousie, mi-incrédulité, lui dirent que son amant l’avait abusé en se faisant passer pour le dieu, Sémélé – il en allait de son honneur – supplia Zeus de faire la démonstration de sa divinité ; il consentit de mauvais gré, et se présenta à elle sur son char étincelant de foudre. Sémélé mourut sur le coup. Le dieu recueillit alors le fœtus qu’elle portait en elle et le plaça dans sa cuisse. Les qualités nutritives du sang de Zeus – l’Ichor – firent tant que l’embryon atteignit vite sa maturité et, surtout, que le jeune enfant était désormais immortel.

Dieu de la vigne et du lierre – les plantes qui enivrent – il est aussi honoré comme dieu du théâtre. Sa nature est ambivalente ; dieu bienveillant de la végétation luxuriante, il se montre implacable dans sa vengeance et cruel envers ses détracteurs. On le représente couronné de vigne et de lierre ; il tient en main le thyrse, bâton entouré de vigne, et conduit un cortège composé de bacchantes – « celles qui crient « Bacchos ». Dionysos est vêtu d’une longue robe brodée et il porte une barbe fournie.

Son histoire est en fait une longue quête pour prouver sa légitimité. Exilé dès sa naissance en Orient par Zeus, qui craignait la jalousie d’Héra, son voyage de retour vers la Grèce est ponctué de vengeances envers ceux qui refusent de reconnaître en lui un dieu.

Plus tard, voulant traverser la mer Egée, Dionysos demanda à un équipage de l’emmener avec lui. Il s’agissait de pirates étrusques, qui s’imaginaient, à la vue des beaux vêtements du jeune homme, pouvoir réclamer une rançon exorbitante. Dionysos ne s’aperçut qu’en pleine mer de leurs intentions ; mais au moment où les pirates s’approchaient de lui pour l’attacher, une vigne géante poussa sur le bateau et prit dans ses vrilles voiles, coque et rames ; quant aux pirates, Dionysos les changea en dauphins. Le navire aborda dans l’île de Naxos, où Dionysos rencontra Ariane, qui y avait été abandonnée par Thésée.

Il put enfin gagner l’Olympe, où il fut reconnu par tous les dieux. Il participa même à la gigantomachie, la guerre des dieux contre les Géants, au cours de laquelle il tua Eurytos de son thyrse. Cet épisode confirme sa violence innée et sa sauvagerie sanglante ; on dit que, alors qu’il était enfant, il avait su apprivoiser des panthères. Cette accointance avec la sauvagerie (symboliquement représentée par le séjour prolongé du dieu en terre « barbare ») prend forme dans son culte, où les fidèles absorbent de la viande crue.

 

Dioscures…

On désigne sous ce nom (« les fils de Zeus ») Castor et Polydeucès (plus connu sous le nom latin de Pollux).

En réalité, seul Pollux est le fils de Zeus : le dieu souverain était en effet amoureux de Léda, la femme de Tyndare. Comme elle n’aurait jamais trompé son mari, Zeus prit la forme d’un cygne si beau que Léda le caressa sans crainte. Quelques mois plus tard, elle pondait deux œufs, contenant, l’un, Castor et Clytemnestre, l’autre Pollux et Hélène. Ces derniers sont les enfants de Zeus, les autres ceux de Tyndare.

Les deux frères étaient toujours ensemble et s’aimaient d’un tel amour fraternel que rien, même la mort, n’a pu les séparer. En effet, quand ils enlevèrent les filles de Leucippe, qui étaient promises à leurs cousins Idas et Lyncée, un combat entre prétendants et ravisseurs eut lieu, où Castor et Lyncée trouvèrent la mort. Zeus, pour venger Pollux, blessé dans la lutte, foudroya Idas et voulut donner l’immortalité à son fils : mais celui-ci demanda que cette immortalité fût partagée avec son frère défunt, et elle leur fut accordée alternativement, un jour sur deux ; ils trouvèrent, ensemble, place au ciel comme constellation des Gémaux.

 

Egée…

Egée est le roi d’Athènes et le père de Thésée. Il doit sa mort à la négligence du héros : alors qu’il guettait son retour de Crête, Egée aperçut le navire de son fils voilé de noir, signe convenu en cas de défaite. Le roi, croyant que son fils était mort, courut aussitôt se jeter dans la mer qui, depuis, porte son nom.

 

Egisthe…

Fils de Thyeste et neveu d’Atrée, Egisthe est au cœur de la haine des deux frères ; il est, de plus, maudit par sa naissance : sa mère, Pélopia, n’est autre que la fille de Thyeste ! Celle-ci, qui ignorait qui était le père de son enfant, se maria ensuite à Atrée, qui demanda à Egisthe de lui amener Thyeste, pour en finir avec lui. Mais Thyeste reconnut son fils, et persuada Egisthe de tuer Atrée à sa place. Il s’exécuta et Thyeste put régner à la place de son frère.

Lors de la guerre de Troie, Egisthe devint l’amant de Clytemnestre, qui prépara avec lui sa vengeance contre Agamemnon. Oreste et Electre les tuèrent pour venger le meurtre de leur père.

 

Electre…

Fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, Electre est la plus courageuse et la plus déterminée des filles du roi ; contrairement à Chrysothémis, elle joue un rôle de premier plan dans la vengeance d’Oreste.

Après l’assassinat d’Agamemnon commis par Clytemnestre et Egisthe, Electre mène une vie d’esclave.

Quand, sept ans plus tard, Oreste, qu’elle avait quitté tout enfant, revint sur la tombe de leur père, elle le reconnaît et prépare avec son frère tant attendu leur vengeance ; ils assassinent ensemble Clytemnestre et Egisthe ; elle se marie à Pylade, leur cousin et grand ami d’Oreste.

 

Enée…

Enée jouit d’une double ascendance divine : par sa mère, qui n’est autre qu’Aphrodite, et par son père, Anchise, qui descend du fils de Zeus, Dardanos.

Le plus valeureux des Troyens après Hector, Enée était protégé des dieux ; Apollon, le premier allié des Troyens, mais aussi Poséidon, Zeus et surtout Aphrodite, lui vinrent en aide à plusieurs reprises durant le conflit.

Ils savaient, en effet, qu’Enée serait amené à régner sur les Troyens. Mariée à une fille de Priam, Créüse, Enée avait un fils, Ascagne. Le récit du départ d’Enée de Troie, portant sur ses épaules son père et emportant avec lui les dieux protecteurs de Troie, est le point de départ de l’Enéide de Virgile, qui raconte comment, après un long périple, le prince troyen débarqua en Italie, à l’embouchure du Tibre, près de l’endroit où s’élèverait, quelques générations après, la ville de Rome.

 

Erinyes…

Nées avant les Olympiens de la terre fécondée par le sang d’Ouranos émasculé, les Erinyes sont chargées de punir les crimes sacrilèges. Gardiennes de l’ordre établi et implacables vengeresses, elles poursuivent plus particulièrement ceux qui ont tué un membre de leur famille.

Ces trois sœurs, Alectô, Tisiphoné et Mégère, ont des ailes et une chevelure hérissée de serpents ; dans leurs mains elles tiennent des torches et des fouets ; leur jugement est impérieux et les dieux eux-mêmes ne peuvent s’y opposer. Par leur fureur qui ôte toute paix au coupable, ces divinités symbolisent la conscience.

 

Eros…

Dieu de l’amour et du désir, Eros était considéré à l’origine comme une sorte de principe universel régissant toutes les créatures.

Puis peu à peu ont été élaborées diverses légendes qui lui ont donné une forme humaine et une généalogie. En général, on en fait naturellement le fils d’Aphrodite et d’Arès. L’icono-graphie et l’imaginsation hellénistiques le représentent sous les traits d’un enfant ailé et armé de flèches.

 

Etéocle…

Fils d’Œdipe et de Jocaste, Etéocle forme avec son frère Polynice un couple de frères ennemis. Portant la malédiction de l’inceste, les deux frères ne pouvaient que connaître un terrible destin, surtout après qu’Œdipe, chassé de Thèbes, les eux une seconde fois maudits.

Pourtant, les deux frères avaient décidé, pour éviter toute discorde, de régner alternativement un an chacun. Etéocle eut le premier mandat. Mais lorsque son frère vint, un an après, pour occuper le trône, il le chassa sans ménagement. Polynice rassembla six autres chefs et organisa l’expédition des Sept contre Thèbes. Lors d’un duel, les deux frères s’entre-tuèrent, et Etéocle, contrairement à son frère, reçut des funérailles publiques.

 

Gaia…

Le Chaos originel avait donné naissance à cinq créatures : le Tartare (le monde souterrain), Nyx (la Nuit), l’Erèbe (les Ténèbres), Eros et Gaia (personnification de la Terre). Il s’agit donc d’une des divinités les plus anciennes.

Elle enfanta Ouranos (le Ciel, avec qui elle s’unit (puisque le ciel recouvre la terre, comme un amant sa bien-aimée) pour engendrer les Titans, en particulier Cronos et Rhéa, les parents des premiers Olympiens.

Déesse-mère par excellence, la Terre a donné naissance à de nombreuses créatures.

Par son ancienneté, Gaia veille également à l’ordre du monde et à l’équilibre entre les divinités. Fatiguée de la tyrannie d’Ouranos, elle fournit à Cronos la faucille qui lui permit de castrer son père ; pareillement, elle désapprouva le comportement de Zeus lors de son avènement, et elle incita les Géants à se révolter contre les Olympiens.

 

Géants…

Créatures nées de Gaia, les Géants jouent un rôle important au début du règne de Zeus.

Quand Zeus eut vaincu et emprisonné les Titans dans le Tartare, Gaia, folle d’indignation, souleva les Géants contre les Olympiens ; ce fut le début d’une terrible guerre, la gigantomachie. Zeus savait qu’il ne pourrait vaincre ces immortels sans l’aide d’un homme ; il s’unit donc à une mortelle pour engendrer un héros d’une puissance inégalée, Héraclès, dont les flèches pouvaient les détruire.

De plus, Zeus défendit au Soleil, à la Lune et à l’Aurore de se lever, tant qu’il n’aurait pas vaincu les Géants. C’est que Gaia produisait une herbe capable de rendre les Géants invulnérables aux coups des mortels. Ainsi privée de lumière, la déesse fut incapable d’aider ses protégés. Zeus, secondé par Héraclès, par d’autres Olympiens (Apollon, Athéna, Dionysos, Hécate, Héphaïstos, Hermès et Poséidon) et par les Moires (déesses du destin), parvint à les neutraliser tous.

 

Hadès…

Fils de Cronos et de Rhéa, ce frère aîné de Zeus reçut, lors du partage de la terre entre Zeus et ses frères, le monde souterrain ; seigneur du Tartare et de tout ce qu’il contient. Hadès (« l’invincible ») règne sur les morts ; il possède un casque, offert par les Cyclopes, qui lui permet de se rendre invisible. Son territoire, qui renferme toutes les richesses du monde, lui a valu le surnom de Pluton, « le riche ».

Il se donna pour reine Perséphone, la fille de Déméter, qu’il enleva un jour, alors qu’elle cueillait des fleurs, et lui fit manger un pépin de grenade pour l’empêcher de remonter à la surface de la terre (l’absorption de la moindre nourriture, interdisait de quitter les Enfers). Il règne avec sévérité sur les morts et interdit à quiconque pénètre dans son royaume d’en ressortir. Seul Héraclès, Thésée et Orphée ont pu échapper à cette terrible loi.

Pour l’assister dans sa tâche, trois juges, Eaque, Minos et Rhadamanthe, ont pour rôle de juger les âmes et de les envoyer soit dans les champs Elysées, si elles ont fait le bien, soit dans le Tartare, où elles subiront un châtiment éternel.

 

Hector…

Fils aîné de Priam et d’Hécube, Hector est le défenseur le plus vaillant de la Troie assiégée. Marié à Andromaque, il est le père modèle du petit Astyanax ; il a de nombreux frères et sœurs, comme Pâris et Cassandre, mais il voue une tendresse particulière à Troïlos, son plus jeune frère.

Durant l’assaut des Troyens contre les navires achéens, Hector joue le premier rôle ; protégé par Apollon et par Zeus en personne, il manque de tuer Nestor et Diomède ; l’urgence de la situation pousse Patrocle à regagner le combat et, revêtu des armes de son ami Achille, il sort de sa tente. Hector le tue et récupère l’armure d’Achille.

La mort de Patrocle provoque le retour d’Achille ; Homère en fait le vainqueur d’Hector, qu’il tue au bout d’un long combat. En mourant, le fils de Priam prédit à Achille sa mort prochaine et le pria de restituer son corps à son père. L’arrogant Achéen non seulement repoussa la requête du mourant, mais attacha son cadavre à son char, et fit trois fois le tour de Troie. Priam alla dans la tente d’Achille lui demander le corps de son fils bien-aimé contre le paiement d’une rançon et, soutenu par les dieux, il réussit à le persuader.

 

Hélène…

Fille de Zeus changé en cycle et de Léda, Hélène est née du même œuf que Pollux, celui qu’avait fécondé Zeus, alors que son frère Castor et sa sœur Clytemnestre sont les enfants de Tyndare.

Hélène était la plus belle femme du  monde et une foule de prétendants cherchaient à l’épouser. Tyndare eut l’idée alors de leur faire prêter serment de respecter le choix de sa fille, et de venir en aide à son mari, si jamais il avait besoin d’eux. Hélène choisit Ménélas et devint ainsi reine de Sparte.

Elle fut toutefois la récompense promise par Aphrodite à Pâris lorsqu’il départagea les trois déesses, et Hélène, charmait par la beauté et les richesses du fils de Priam, partit sans trop de difficultés pour Troie. Ménélas se fit fort du serment prêté par les anciens prétendants d’Hélène pour rassembler une expédition destinée à retirer Hélène de Troie.

A Troie, Hélène fut vite l’objet de la haine du peuple, qui voyait en elle la cause de ses malheurs. Elle fut mariée à Pâris et, après sa mort, à son frère Déiphobe. Hélène, quoique respectée par Priam et Hectore, jouait cependant le jeu des Achéens ; elle aida Ulysse à voler le Palladion et, quand le cheval fut dans la ville, agita les torches du haut des murailles pour indiquer aux Achéens cachés sur l’île de Ténédos qu’ils pouvaient revenir prendre la ville.

Hélène, en réalité, était certaine que, quoi qu’il arrivât, elle serait toujours sauvée par sa beauté. Et de fait, quand Ménélas la retrouva, il voulut la tuer d’un coup de lance, mais il fut littéralement désarmé par la beauté de son épouse. Elle rentra ainsi saine et sauve à Sparte, où elle se racheta une conduite.

 

Hélios…

Hélios est la personnification du Soleil ; fils des Titans Hypérion et Theia, il est l’une des plus anciennes créatures du monde ; son rôle est de mener son char de feu, tiré par quatre chevaux, depuis les portes de son palais d’Orient jusqu’à l’Océan ; du haut de son char, Hélios voit tout et rien de ce qui se fait sur terre ne lui échappe.

 

Héphaïstos…

Fils d’Héra, on lui attribue généralement Zeus pour père. Cet olympien règne sur le feu et sur les métaux. Ses forges sont situées dans les volcans, où il travaille sans cesse avec l’aide des Cyclopes. Il a pour fonction principale de forger les éclairs de Zeus. Sa maîtrise du feu et son activité quotidienne en font une divinité puissante et redoutable au combat ; mais il est surtout renommé pour l’habileté de ses mains et est adoré, conjointement à Athéna, par tous les artisans. Ce dieu à la barbe drue est généralement habillé comme un forgeron et s’appuie sur son marteau.

Ses débuts furent difficiles : affligé de claudication dès sa naissance, ce dieu dégoûta, par sa laideur, sa propre mère, qui, folle de rage d’avoir enfanté un boiteux, le jeta du haut de l’Olympe. Heureusement, sa chute fut amortie par la mer et il fut recueilli par Théthys et Eurynomé, deux divinités marines. Il fut élevé par elles pendant neuf ans et leur fabriqua, plein de reconnaissance, des bijoux merveilleux.

Toutefois, Héphaïstos ourdissait un plan pour revenir sur l’Olympe. Il envoya à sa mère un trône tout en or, où il avait caché des chaînes invisibles. Sa mère s’y assit aussitôt, sans se méfier : les chaînes, tout à coup, l’emprisonnèrent, et elle fut incapable de s’en libérer. Les dieux durent faire appel à Héphaïstos, qui revint sur l’Olympe monté sur un âne et libéra sa mère.

Ce dieu apporta à Zeus un précieux recours, d’abord en forgeant les éclairs dont il se servait pour foudroyer ses ennemis, ensuite en participant à la guerre contre les Géants (il tua Clytios avec son marteau chauffé à blanc).

Malgré sa laideur repoussante (ou peut-être grâce à elle ?), il eut pour épouse la belle Aphrodite, qui le trompait cependant avec Arès. Alerté par Hélios, le dieu qui voit tout, Héphaïstos les prit au piège de filets invisibles et incassables.

Cet habile forgeron fabriqua, à la demande de Thétis, les armes de Pélée et, à la demande d’Aphrodite, celles d’Anchise, le père d’Enée ; Zeus fit appel à ses compétences pour enchaîner Prométhée dans le Caucase. Enfin, cet inventeur infatigable façonna avec de la boue le corps de Pandore, la première femme.

 

Héra…

Fille de Cronos et de Rhéa, Héra règne sur le monde en tant qu’épouse de Zeus, son frère. On l’invoque comme la déesse du mariage et de la famille. Jalouse et rancunière, elle passait pour avoir une voix terrible. Le paon est d’ailleurs l’animal qui la représente le mieux : son plumage merveilleux et comme parsemé d’yeux – Héra est aux aguets de la moindre infidélité de son mari. De son mariage avec Zeus naquirent Héphaïstos, Arès, Ilithye, la déesse de l’accouchement et Hébé, la déesse de la jeunesse.

Le jour de son mariage avec Zeus, Gaia lui offrit des pommes d’or, symbole de fertilité, qu’elle déposa dans le jardin qu’elle avait à l’extrême occident du monde, le jardin des Hespérides.

La mythologie grecque illustre à maintes reprises la jalousie de la déesse, souvent à l’origine de bien des malheurs pour ses rivales ; ainsi, elle utilisa son influence sur sa fille Ilithye pour retarder l’accouchement de Létô et la naissance d’Héraclès. Elle poursuivait de sa haine les partenaires de son mari et les enfants illégitimes que celui-ci pouvait avoir, surtout s’ils étaient mortels : Héraclès eut à subir tout au long de son existence la haine d’Héra, et ce n’est qu’après s’être réconcilié avec elle qu’il put obtenir l’immortalité ; elle poursuivit Io de sa colère et chercha à tuer son fils, Epaphos. Elle avait mis Io – qui était alors une vache – sous la garde d’Argos, un être doté de cent yeux, et qui n’en fermait jamais que la moitié. Quand Hermès l’eut tué, la déesse, dit-on, plaça les yeux de son serviteur sur les plumes de son animal favori, le paon. Son courroux implacable, enfin, est aussi à l’origine de la cécité de Tirésias.

Après le jugement de Pâris, qui attribue la pomme d’Eris à Aphrodite, elle se range du côté des Achéens et soutient plus particulièrement Achille et Ménélas. Elle protège Jason et aida les Argonautes à conquérir la toison d’or.

 

Héraclès…

Héraclès est sans doute, par ses qualités exceptionnelles, le héros le plus aimé des Grecs ; homme qui par sa force surhumaine et son courage invincible a su se hisser au rang de dieu.

Fils de Zeus, le dieu céleste, Héraclès est par essence un guerrier ; mais contrairement à Arès, la force est toujours secondée par l’intelligence.

Sa naissance en fait un être d’exception : Zeus, qui désirait donner aux hommes un héros capable d’anéantir les fléaux qui les menaçaient et de vaincre les Géants qui se rebellaient, choisit une mortelle, Alcmène, pour porter son enfant. Pour ne pas éveiller les soupçons de cette femme fidèle, il prit l’apparence de son mari, Amphitryon, parti à la guerre. Mais pour engendrer un héros exceptionnel, Zeus avait besoin temps : il ordonna à l’Aurore de retarder son lever, afin de disposer d’une nuit plus longue. Pour parfaire son œuvre, Zeus demanda enfin à Hermès de déposer l’enfant sur la poitrine d’Héra pendant son sommeil ; Héraclès put ainsi boire le lait de la déesse, condition nécessaire à son immortalité.

La déesse, dit-on, réveillée en sursaut, éloigna vivement l’enfant, et le lait qui s’échappa de son sein forma dans le ciel la Voie lactée. Héra devait rester l’ennemie la plus acharnée du héros : elle en voulait à Zeus d’avoir choisi une autre qu’elle pour enfanter le plus vaillant des hommes. Aussi envoya-t-elle sur le berceau d’Héraclès, une nuit, deux énormes serpents. Mais le tout jeune Héraclès (il n’avait que huit mois) étouffa sans peine à mains nues les deux bêtes.

L’épisode le plus fameux est sans doute la série de douze « travaux » qu’il dut accomplir sous les ordres de son cousin Eurysthée. Rendu fou par Héra, le héros avait en effet tué ses enfants et sa femme, et avait dû, pour expier ses fautes, servir son cousin comme un esclave. Celui-ci, jaloux de l’évidente supériorité d’Héraclès, l’envoya affronter les dangers les plus terribles dans le vain espoir qu’il en mourrait.

Les douze travaux…

Le lion de Némée. Ce lion, d’une taille et d’une férocité surnaturelle, ravageait la région de Némée. Sa peau le rendait insensible aux armes des hommes ; Héraclès, abandonnant son arc et sa massue, l’affronta à mains nues et parvint à l’étouffer. Il utilisa les griffes du fauve pour découper sa peau et la porta dès lors comme armure. Ainsi revêtu de la peau du lion, il devenait invulnérable aux armes.

L’hydre de Lerne. La région marécageuse de Lerne était hantée par un monstre aux multiples têtes dont l’haleine était mortelle et le sang empoisonné. Comme ces têtes, une fois coupées, repoussaient aussitôt, Héraclès demanda à son neveu Iolaos de l’aider : à chaque fois qu’il tranchait une tête, ce dernier devait brûler le cou avec un torche. Une fois le monstre vaincu, Héraclès eut l’idée de tremper la pointe de ses flèches dans le sang de l’hydre, les enduisant ainsi d’un poison incurable.

Le sanglier d’Erymanthe. Héraclès reçut l’ordre de débarrasser la terre d’un sanglier ; Héraclès le pista dans la forêt d’Erymanthe et le ramena vivant à Mycènes.

La biche de Cérynie. Cette biche, consacrée à Artémis, avait des sabots d’airain et courait aussi vite que le vent. Pendant un an, Héraclès la poursuivit sans pouvoir l’attraper. Il finit cependant par la blesser et par la capturer.

Les oiseaux du lac Stymphale. Ces animaux aux ailes de métal tranchantes comme des lames étaient la plaie de la région. Héraclès les acheva tous de ses flèches empoisonnées.

Les écuries du roi Augias. Riche de centaines de bœufs, ce roi n’avait jamais pris la peine de nettoyer ses immenses stalles. Héraclès, pour ce faire, dut détourner le cours de deux fleuves, l’Alphée et le Pénée, pour leur faire traverser les écuries ; son travail fut ainsi accompli en une seule journée, comme le lui avait prescrit Eurysthée.

Le taureau de Crète. Ce taureau magnifique, que Minos n’avait pas sacrifié à Poséidon, ravageait l’île. Héraclès, pour l’amener vivant à Eurysthée, dut attraper la bête et traverser avec lui la mer.

Les juments de Diomède. Ce terrible roi de Thrace possédait quatre juments qu’il nourrissait de viande humaine. Héraclès punit cette barbarie en donnant le maître en pâture à ses bêtes et ramena les juments à Eurysthée.

La ceinture de la reine Hippolytè. Hippolytè, reine des Amazones, avait reçu d’Arès une ceinture symbolisant son pouvoir sur son peuple. Héraclès l’obtint après une âpre guerre.

Les bœufs de Géryon. Ces animaux étaient gardés sur une île perdue au milieu de l’océan. Héraclès, pour y parvenir, dut convaincre, arc à la main, Hélios de lui prêter la barque qu’il utilisait pour traverser l’océan. Parvenu sur l’île, il emmena le troupeau et, après un long périple à travers l’Espagne, la Gaule et l’Italie, il arriva au palais d’Eurysthée.

Cerbère. Eurysthée pensait bien en finir avec Héraclès en l’envoyant à la recherche de Cerbère, le chien à trois têtes qui garde les enfers. Il n’avait pas tort : seule l’aide d’Athéna et d’Hermès lui permit de maîtriser le terrible molosse sans recourir à ses armes.

Les pommes d’or du jardin des Hespérides. Ces fruits, donnés à Héra par Gaia le jour de son mariage avec Zeus, étaient gardés dans un jardin à l’extrême occident du monde. Seul Atlas pouvait les prendre ; Héraclès dut alors porter la voûte céleste à la place du Titan, qui refusa de reprendre son fardeau quand il eut rapporté les pommes. Héraclès fit mine d’accepter de garder le ciel sur ses épaules, mais demanda à Atlas de le reprendre un instant, le temps pour lui de trouver un coussin. Le Titan ne se méfia pas et Héraclès en profita pour partir, avec les pommes, jusqu’à Mycènes.

Ces douze travaux accomplis, Héraclès fut libéré de sa servitude et son crime fut racheté. Il vécut bien d’autres aventures, tua bien des ennemis et dut même expier un nouveau crime en servant trois ans Omphale.

Il se maria avec Déjanire, sœur de Méléagre. Or, un jour, le couple utilisa les services d’un Centaure, Nessos, pour traverser un fleuve ; l’homme-cheval emmena d’abord Héraclès sur l’autre rive, puis prit dans ses bras Déjanire ; profitant de l’occasion, il chercha à la violer, mais fut tué par sa femme. Toutefois, avant de mourir, le Centaure donna à celle-ci une fiole de son sang en lui faisant croire qu’il s’agissait d’un philtre d’amour, qu’elle pourrait utiliser si un jour elle croyait qu’Héraclès ne l’aimait plus. Déjanire crut ce jour arrivé quand Héraclès prit une concubine, Iole ; elle versa alors le sang de Nessos sur une tunique de son mari ; or, ce sang avait été contaminé par le poison de la flèche d’Héraclès ; quand celui-ci endossa sa tunique, il sentit aussitôt la brûlure du poison envahir tout son corps ; il n’eut que le temps de monter au sommet de l’Oeta, d’y construire un bûcher et de s’y immoler.

Sa mort par le feu ne fut en fait qu’un passage : libéré de son humanité, le héros eut l’insigne honneur de monter sur l’Olympe, guidé par sa protectrice Athéna ; réconcilié avec Héra, il se maria avec Hébé, la déesse de la jeunesse, et siégea sur la montagne sacrée.

 

Hermès…

Fils de Zeus et de Maia, une nymphe de la pluie, Hermès est l’un des plus jeunes Olympiens. Hermès est dieu du vent. Hermès est naturellement un dieu musicien. Le vent qui gonfle les voiles et apporte la pluie féconde fait également de lui le dieu du commerce et des profits. Il est aussi le dieu de voyageurs, sur mer comme sur terre.

Hermès est, de naissance, un dieu rusé ; né dans le secret d’une grotte – sa mère allait retrouver Zeus la nuit, pour que personne n’ait vent de cette union – il arriva bien après l’avènement de Zeus et des Olympiens et dut lutter pour se faire reconnaître.

Admis sur l’Olympe, Hermès prit la fonction de messager des dieux ; c’est à lui, par exemple, que Zeus confie la mission d’emmener Héra, Athéna et Aphrodite devant Pâris. Dans la guerre contre les Géants il tue Hippolytos grâce au casque d’Hadès qui rend invisible. C’est encore sa ruse naturelle qui lui permet de tuer Argos, gardien aux cent yeux, envoyé par Héra pour garder Io transformée en vache.

On lui prête la paternité de Pan, le dieu sylvestre, et d’Hermaphrodite, qu’il eut avec Aphrodite et qui avait un corps de femme mais un sexe d’homme.

 

Hermione…

Fille de Ménélas et d’Hélène, Hermione fut mariée à Néoptolème, le fils d’Achille. Sa stérilité la rendit jalouse d’Andromaque, que son mari avait ramenée comme captive.

 

Hestia…

Fille aînée de Cronos et de Rhéa, elle est la plus ancienne de tous les Olympiens ; déesse du feu qui brûle dans le foyer, elle a fait vœu de rester toujours vierge (malgré les avances d’Apollon et de Poséidon) et de ne jamais quitter son palais sur l’Olympe. Parce que c’est elle qui règne sur le foyer et la maison, elle a un autel dans toutes les demeures.

 

Hippolyte…

Thésée eut un fils de la reine des Amazones, Hippolytè, qu’il appela Hippolyte. Ce garçon gardait de son ascendance maternelle un goût prononcé pour la vie sauvage et un culte pour Artémis ; son mépris pour Aphrodite et tout ce qu’elle représentait lui valut d’encourir une terrible vengeance de la part de celle-ci : elle rendit Phèdre, la seconde femme de Thésée, folle amoureuse du jeune homme, qui, pour avoir été éconduite, raconta à Thésée que son fils avait essayé de la violer ; dans sa fureur noire, Thésée, le protégé de Poséidon, maudit Hippolyte, qui s’enfuit sur son char. Le dieu envoya alors un monstre marin qui effraya les chevaux, provoquant un accident mortel.

 

Icare…

Fils de Dédale, Icare fut enfermé avec son père dans le labyrinthe de Minos. Son père trouva néanmoins un stratagème pour s’enfuir : il colla avec de la cire une paire d’ailes sur ses épaules et celles de son fils, et ils s’envolèrent tous deux.

Mais une fois en l’aire libre, Icare, grisé par sa nouvelle liberté, commença à s’élever vers le Soleil, et il s’en approcha tant que la cire fondit et que le jeune homme plongea dans la mer.

Icare est l’un de ces héros qui, comme Phaéton ou Bellérophon, sont punis pour leur démesure : oublier que l’on n’est qu’un homme et se croire un dieu sont les défauts qui horrifiaient le plus les Grecs.

 

Io…

Généralement présentée comme une fille du dieu-fleuve Inachos, Io habitait à Argos, quand Zeus tomba amoureux d’elle. Il envoya un songe à la jeune fille qui l’incita à céder à ses avances et il put ainsi s’unir à elle.

Mais pour couper court aux questions de Héra, qui soupçonnait une nouvelle infidélité de son mari, Zeus transforma Io en vache d’une blancheur immaculée ; Héra demanda alors que cet animal lui fût consacré et elle le fit mettre sous la garde d’Argos, un homme doté de cent yeux, qui n’en fermait jamais que la moitié.

Zeus, par pitié pour la pauvre Io, envoya Hermès la délivrer : celui-ci utilisa son caducée magique pour endormir Argos, le tua et libéra la vache. Mais Héra n’en fut pas quitte pour autant : elle envoya un taon – symbole de la folie qui tourmente l’âme – harceler Io, qui commença alors un long périple par tout l’Orient son voyage donna son nom au détroit du Bosphore, « le Pas de la vache »). Sa souffrance prit fin en Egypte, où Zeus lui rendit forme humaine, et lui touchant le front, la fit accoucher de son fils, Epaphos, « le Touché ».

 

Iphigénie…

Fille d’Agamemnon et de Clytemneste, Iphigénie fut sacrifiée à Artémis par son père à Aulis, pour permettre à la flotte des Achéens de partir pour Troie.

Au moment de l’exécution, la déesse la remplaça par une biche et l’emmena en Tauride pour servir et propager son culte. Elle devait sacrifier tous les naufragés qui parvenaient sur les côtes. Mais un jour, elle reconnut dans ces naufragés son frère Oreste et son ami Pylade, qui étaient venus en Tauride précisément pour prendre la statue d’Artémis. Iphégénie la leur donna et rentra avec eux en Grèce.

 

Jason…

Jason est né à Iolcos, où son père Aeson régnait. Mais Pélias, un fils de Poséidon, s’empara du trône, chassa Aeson, qui était son demi-fère et, un oracle l’ayant averti qu’il serait tué par un descendant d’Eole, fit mettre à mort tous les Eoliens. La mère de Jason, effrayée, fit quitter la ville à son fils nouveau-né et le confia à Chiron, qui l’éleva.

Plusieurs années après, Jason revint à Iolcos ; il avait perdu, au cours de son voyage, une de ses sandales, et Pélias, relevant ce détail, fut pris d’une vive inquiétude : un second oracle l’avait averti de se méfier d’un homme portant une seule sandale. Jason apprit qui était Pélias, et réclama aussitôt le trône qui lui revenait ; Pélias accepta à la condition que Jason lui ramenât la toison d’un bélier d’or, consacrée à Arès et gardé par le roi de Colchide, Aeétès.

Jason, héros protégé par Héra et Athéna, partit donc à la conquête de la Toison d’or ; il rassembla pour cela une cinquantaine d’hommes, parmi lesquels figuraient Orphée, les Dioscures et leurs couins Idas et Lyncée, Héraclès, ainsi que Zétès et Calaïs, fils du vent Borée ; Argos, l’un d’entre eux, inspiré par Athéna, construisit le navire blanc Argo.

Un long périple commença alors pour Jason et les Argonautes (les marins d’Argo), et après maintes escales ils arrivèrent au détroit du Bosphore, qu’ils devaient emprunter pour arriver en mer Noire. Or, deux rochers mobiles en barraient l’entrée ; Jason, sur le conseil d’un devin qu’ils avaient aidé durant leur voyage, lâcha alors une colombe qui traversa presque sans encombre le détroit (les rochers ne lui arrachèrent qu’une plume de la queue). Les argonautes prirent donc le même chemin, et les rochers ne leur ôtèrent qu’une partie de la poupe ; puis longeant le Caucase, ils arrivèrent en Colchide.

Jason expliqua à Aeétès le but de sa mission et le roi ne lui refusa pas la Toison ; il devait simplement réussir trois épreuves : mettre le joug à deux taureaux cracheurs de feu, labourer un champ et semer les dents du dragon d’Arès !

Jason ne peut réussir qu’avec l’aide de Médée,la fille d’Aeétès, une puissante magicienne. Elle lui donna un baume qui le rendit invulnérable au fer et au feu et lui expliqua de se méfier des soldats qui naîtraient des dents du dragon. Suivant ses conseils, Jason vint à bout des trois épreuves et emporta la Toison ; il n’avait pas à se soucier du dragon qui la gardait, car Médée utilisa ses sortilèges pour l’endormir. Voyant qu’Aeétès ne voulait plus honorer sa promesse, Jason s’enfuit alors avec Médée et son frère Apsyrtos, comme Aeétès les poursuivait, Médée eut un affreux stratagème : elle découpa son frère en morceaux qu’elle jeta un à un à la mer ; leur père fut contraint de ralentir pour ramasser les bouts de son fils qui flottaient à la dérive, et il perdit de vue les fugitifs.

Les Argonautes parvinrent en Grèce après un second long voyage qui les amena, cette fois, en Méditerranée occidentale. De retour à Iolcos avec la Toison, Jason put prendre sa place de roi légitime et, avec l’aide de Médée, sa femme, se vengea de Pélias en le faisant tuer par ses propres filles : Médée leur fit croire qu’en le faisant bouillir dans un chaudron elles le feraient rajeunir…

Le couple dut alors quitter Iolcos et ils vécurent longtemps à Corinthe. Jason finit cependant par répudier Médée pour se fiancer à Créüse, que la sorcière tua, ainsi que les enfants qu’elle avait eus de Jason. Celui-ci rentra à Iolcos, où régnait un fils de Pélias, le chassa du pouvoir et retrouva définitivement la place qui lui revenait de droit.

 

Léda…

Léda est la femme de Tyndare, roi de Sparte. Sa beauté attira l’attention de Zeus, qui eut l’idée de se changer en cygne ; Léda s’approcha de lui et Zeus en profita pour s’unir à elle sans qu’elle s’en rendît compte.

Le soir même, Tyndare fit l’amour avec elle ; elle pondit quelques temps après deux œufs, dont un seul était le fruit de ses amours divines : de cet œuf, naquirent Pollux et Hélène ; Castor et Clytemnestre, nés de l’autre œuf, étaient pleinement humains.

 

Létô…

Fille de Titans, Létô a porté deux des enfants de Zeus les plus puissants, Apollon et Artémis, encourant pour cela la redoutable colère d’Héra.

Celle-ci avait interdit à la terre de l’accueillir ; Létô finit par arriver sur une île flottante et inconnue, Délos, qui accepta de devenir la terre natale des dieux à naître. Ses douleurs durèrent neuf jours, car Héra avait ordonné à Ilithye, déesse de l’accouchement, de ne pas la libérer. Zeus envoya Iris la persuader d’aider Létô, et la Titanide mit au monde des jumeaux, Artémis d’abord, puis, un jour après, Apollon.

Figure de la mère prête à tout pour ses enfants, Létô fut toujours tendrement aimée par Apollon et Artémis.

 

Médée…

Fille du roi Aeétès, Médée est petite-fille d’Hélios et nièce de la magicienne Circé. Son destin est lié à celui de Jason, qu’elle a aidé lors de sa quête et qui est devenu son mari, avant d’être répudiée et d’épouser ensuite Egée.

 

Ménélas…

Fils d’Atrée et d’Aéropé, Ménélas est le frère d’Agamemnon. Ils furent chassés tous deux de Mycènes par Egisthe et allèrent se réfugier à Sparte auprès du roi Tyndare, le père nourricier d’Hélène. Celui-ci choisit, parmi ses prétendants, Ménélas et, à la mort des Dioscures, le trône de Sparte leur revint. Ils eurent pour fille Hermione.

Le jugement de Pâris allait tout changer : Aphrodite avait promis au jeune Troyen la plus belle des femmes, et celui-ci alla à Sparte, alors que Ménélas était absent, et enleva Hélène. A son retour, Ménélas rassembla tous les prétendants qui avaient juré à Tyndare de venir en aide au mari qu’Hélène se serait choisi, s’il faisait appel à eux, et organisa l’expédition contre Troie.

Au tout début de la guerre, Ménélas affronte Pâris en duel, parvient à le blesser, mais le Troyen est aussitôt protégé par Aphrodite qui l’entoure d’un nuage et l’emmène chez lui. Quand, plus tard, les Troyens attaquent les navires, Ménélas se distingue en blessant Hélénos et tuant quelques soldats ennemis. Lors de la prise de la ville, il fit partie du contingent de soldats cachés dans le cheval de Troie ; après avoir retrouvé sa femme, incapable de la tuer, il se réconcilia avec elle. Ils partirent alors pour l’Egypte et la Grèce ; de retour à Sparte, une fois n’est pas coutume, ils vécurent heureux de longues années.

 

Minos…

Ce légendaire roi de Crète passait pour être le fils de Zeus et d’Europe. Son règne, réputé pour avoir été fort juste, commença toutefois dans l’impiété ; à la mort de son père nourricier Astérion, Minos demanda à Poséidon de lui envoyer un présage qui lui permette de réclamer le trône, que revendiquaient aussi ses frères. Le dieu envoya alors le plus beau et le plus puissant taureau qu’on n’eût jamais vu. Minos, ébloui par sa beauté, garda l’animal pour lui, au lieu de le sacrifier à Poséidon, comme pourtant il l’avait promis. Le dieu irrité rendit alors Pasiphaé, la femme de Minos, amoureuse du taureau, et elle parvint, grâce à l’aide de Dédale, à s’accoupler avec lui. De cette union monstrueuse, naquit le Minotaure (le « taureau de Minos »), que le roi cacha dans le labyrinthe construit tout exprès par Dédale.

 

Muses…

Filles de Zeus et de Mnémosunè, la personnification de la mémoire, les Muses veillent avant tout sur les arts poétiques (poésie, musique, théâtre) ; elles passent pour donner aux poètes leur inspiration – (dans l’antiquité, la création poétique ne reposaient que sur la tradition orale et la mémoire des poètes, qui rendaient donc tout naturellement un culte aux filles de la Mémoire).

Elles passent le plus clair de leur temps en Piérie (près du mont Olympe), ou sur l’Hélicon, la montagne «poétique » par excellence, où elles dansent en compagnie d’Apollon.

Voici la liste canonique des Muses et de l’art que chacune d’elles représente : Calliope, la poésie épique ; Clio, l’histoire ; Euterpe, la flûte ; Melpomène, la tragédie ; Terpsichore, la danse et le chant des chœurs ; Erato, la poésie lyrique ; Polymnie, les hymnes et, plus tard, la pantomime ; Thalie, la comédie et la poésie bucolique ; Uranie, l’astronomie.

 

Nérée…

Ce « Vieillard de la mer », fils de Pontos, personnification de la mer, et de Gaia, est une très ancienne divinité marine, capable de se transformer en n’importe quelle créature. Ses cinquante filles, les Néréides, sont également des déesses marines (Amphitrite, Thétis…)

 

Nestor…

Nestor participa à l’expédition achéenne contre Troie comme roi de Pylos ; vieillard respecté et écouté, il passe pour le plus sage de tous les chefs achéens.

 

Œdipe…

Œdipe doit ce nom aux circonstances de sa naissance : son père Laïos, le roi de Thèbes, avait appris d’un oracle que, s’il avait un fils, celui-ci le tuerait. Quand sa femme Jocaste lui eut donné un fils, Laïos s’empressa de le faire exposer aux dangers de la forêt, et Œdipe fut accroché par les pieds à un arbre. Des bergers le recueillirent et l’emmenèrent chez le roi de Corinthe, Polybos, qui l’éleva comme son fils.

Devenu adulte, Œdipe alla consulter l’oracle de Delphes, qui lui révéla qu’il tuerait son père et épouserait sa mère ; croyant que cette prophétie concernait Polybos et sa femme, il préféra s’exiler et partit pour Thèbes.

A un carrefour, son char croisa celui de LaÎos ; une dispute éclata entre les deux hommes et Œdipe, en colère, tua Laïos sans savoir qui il était. Arrivé à Thèbes, il se rendit fort populaire en débarrassant la population de la Sphinx, monstre ailé mi-femme, mi-lion, qui dévorait quiconque ne savait répondre à ses questions. Elle lui demandé : « Qui marche d’abord sur quatre pattes, puis sur deux et enfin sur trois ? » Œdipe répondit aussitôt qu’il s’agissait de l’homme à chacun des stades de sa vie, et le monstre, stupéfait, se jeta du haut de sa colonne.

Les Thébains, pour honorer ce nouveau héros, lui donnèrent la main de Jocaste et le trône de la cité. Œdipe eut d’elle quatre enfants, Etéocle, Polynice, Ismène et Antigone. L’oracle était accompli, et une terrible épidémie de peste s’abattit sur la ville. Tirésias, le devin thébain révéla qu’Œdipe était le fils abandonné par Laïos ; Jocaste, horrifiée par l’inceste qu’elle avait commis, se tua ; Œdipe se creva les yeux, et décida de s’exiler, après avoir maudit ses fils. Antigone, en revanche, accompagna son père jusqu’à Colone, en Attique, où il mourut.

 

Olympiens…

On désigne sous ce nom les divinités qui ont succédé aux premières créatures (Gaia, Ouranos et leurs enfants les Titans). On les appelle ainsi, parce qu’elles ont élu domicile sur le mont Olympe en Thessalie.

La première génération des Olympiens rassemble les six enfants de Cronos et de Rhéa (Hestia, Héra, Déméter, Hadès, Poséidon et Zeus), ainsi qu’Aphrodite, la fille d’Ouranos.

De la seconde génération font partie les enfants divins de Zeus : Athéna, Apollon et Artémis, Dionysos, Hermès, Arès et Héphaïstos.

 

Oreste…

Fils cadet d’Agamemnon et de Clytemnestre, Oreste est un vengeur : c’est lui qui, sept ans après le meurtre de son père, fit payer à sa mère et à Egisthe leur forfait. Sa vengeance qu’il commet à l’instigation de certains dieux, tout en contrevenant aux lois édictées par d’autres, en fait un personnage tragique d’une extrême profondeur.

A la mort d’Agamemnon, Oreste n’était qu’un enfant, et il aurait été tué avec son père (il était le seul héritier mâle) si sa sœur Electre ne l’avait pas envoyé en secret auprès de son oncle Strophios, roi de Phocide, où il fut élevé avec son cousin Pylade, qui devint son inséparable ami. A Delphes, Apollon lui ordonne de venger son père. Il tue, avec l’aide de sa sœur Electre, Egisthe et Clytemnestre. Mais Oreste devient fou et est poursuivi sans relâche par les Erinyes ; à Delphes, Apollon le purifie de son crime, mais l’oblige à se soumettre au jugement que réclament les trois déesses de la vengeance. Ce jugement a lieu à Athènes, où est créé le tribunal de l’Aréopage. Les juges sont partagés, et c’est Athéna, la présidente de la séance, qui donne sa voix décisive en faveur de l’acquittement d’Oreste.

Libéré des Erinyes, le protégé d’Apollon doit ensuite, pour être guéri de sa folie, se rendre en Tauride et rapporter la statue d’Artémis. Oreste et Pylade y rencontrent Iphigénie, la grande prêtresse d’Artémis, qui reconnaît son frère, l’aide à voler la statue et à la rapporter en Grèce. Une fois de retour, Oreste se marie à Hermione et règne sur Argos.

 

Orphée…

Orphée est le chanteur par excellence, poète et musicien. Fils du dieu-fleuve Oeagre et de la Muse Calliope (« A la belle voix »), Orphée est représenté en train de chanter en s’accompagnant de la lyre ou de la cithare.

Il participa à l’expédition des Argonautes (Jason), et réussit par son chant à vaince la douce mélodie des Sirènes.

L’épisode le plus célèbre de son mythe est la descente aux Enfers qu’il fit pour ramener son épouse bien-aimée, Eurydice, qui avait marché sur un serpent. Il charma grâce à sa musique tous les démons infernaux et parvint à émouvoir Hadès et Perséphone, qui consentirent à ce qu’il ramenât sa femme dans le monde des vivants, à condition que, durant leur remontée, il ne se retourne jamais vers elle. Orphée marchait donc devant sa femme, et ils avaient presque atteint la lumière du jour, quand, pris soudain d’une vive inquiétude, il se retourna : Eurydice disparut aussitôt et resta à jamais prisonnière du royaume des morts.

 

Ouranos…

Premier-né et premier mari de Gaia, Ouranos est la personnification du Ciel. De leur union naquirent les Titans, les Hécatonchires et les Cyclopes ; mais Gaia, lasse de la tyrannie d’Ouranos, demanda à son dernier-né, Cronos, de la débarrasser de son époux. Celui-ci émascula alors son père avec une faucille et prit le pouvoir. Des gouttes de sang et de sperme qui coulèrent de la blessure naquit Aphrodite.

 

Pan…

Dieu des forêts, des bergers et des troupeaux, Pan est fils d’Hermès et d’une nymphe.

Mi-homme, mi-bouc, ce dieu vivait dans les montagnes boisées, les cavernes et tous les endroits sauvages ; ses cris et ses apparitions subites provoquaient chez les bergers une peur terrible, précisément qualifiée de « panique ».

Amant infatigable, il passait son temps à poursuivre jeunes filles et jeunes garçons de ses assiduités. Ainsi, la nymphe Syrinx, pour lui échapper, se transforma en roseau ; Pan, attristé, le coupa en sections de différentes longueurs et fabriqua la syrinx, ou flûte de Pan.

 

Pandore…

Première femme créée par Héphaïstos sur l’ordre de Zeus. Ce dernier cherchait un moyen de se venger de Prométhée et des humains qu’il avait aidés. Il fit donc faire cette femme, la para de toutes les beautés et l’envoya auprès d’Epiméthée, le frère de Prométhée, qui la prit pour femme malgré les recommandations de son frère.

Pandore avait avec elle une jarre, donnée par les dieux, qu’elle ne devait ouvrir sous aucun prétexte. Mais la curiosité fut la plus forte : Pandore ouvrit la jarre, de laquelle s’échappèrent tous les maux qui s’abattirent sur l’humanité. Elle la referma cependant à temps pour garder l’Espérance, que contenait également la jarre.

 

Pâris…

Quand Hécube mit au monde Pâris, elle fit un terrible cauchemar : elle rêva qu’elle enfantait une torche qui mettait le feu à Troie. Sur les conseils des devins, Prima, qui en était le père, décida d’abandonner l’enfant ; mais le petit Pâris fut recueilli par des bergers et élevé dans les montages de Troade sous le nom d’Alexandre. Il gardera de cette enfance un goût prononcé pour le pastoralisme.

Une fois adulte, il participa aux jeux organisés par Priam pour commémorer sa propre mort. Il remporta toutes les épreuves et fut reconnu par sa sœur Cassandre ; c’est ainsi que Pâris retrouva sa place de prince de la ville.

Pourtant, la vision d’Hécube n’allait pas tarder à se réaliser : un jour qu’il gardait ses troupeaux, Hermès amena Héra, Athéna et Aphrodite, qu’il devait, sur ordre de Zeus, départager. Chacune d’elles, en effet, revendiquait la pomme envoyée par Eris lors des noces de Pélée et Thétis. Sensible aux propos d’Aphrodite – elle lui promettait l’amour d’Hélène, la plus belle femme du monde -, Pâris déclara que la pomme lui revenait, et partit pour Sparte afin d’enlever Hélène ; sa beauté et sa richesse eurent tôt fait de convaincre la belle Hélène de le suivre et, profitant de l’absence de son marie, les deux amants gagnèrent Troie.

Ce fut là le point de départ de la guerre de Troie ; durant le conflit, Pâris, en tout point l’antithèse de son frère Hector, ne s’illustra pas par sa vaillance : lors de son duel contre Ménélas, Pâris, blessé, ne dut son salut qu’à l’intervention d’Aphrodite. Son seul coup d’éclat fut d’avoir tué Achille d’une flèche envoyée dans son talon ; encore faut-il rappeler que la flèche fut guidée par Apollon. Pâris mourut cependant peu après d’une autre flèche, lancée cette fois par Philoctète, et enduite d’un terrible poison.

 

Patrocle…

Fils de Ménoetios, Patrocle est l’ami le plus cher d’Achille ; on en fit couramment, quand l’homosexualité se répandit dans la société grecque, un couple d’amants.

Au cours de la guerre de Troie, quand les Troyens attaquèrent les vaisseaux achéens, alors qu’Achille s’était retiré des hostilités, il revêtit les armes divines de son ami et partit combattre, mais fut rapidement tué par Hector, qui récupéra l’armure d’Achille.

Sa mort causa une telle douleur au Péléide, qu’il partit aussitôt au combat et ramena douze prisonniers qu’il sacrifia en son honneur.

 

Pénélope…

Pénélope, qui a attendu durant vingt ans le retour de son mari Ulysse, passe pour le modèle de la femme vertueuse et fidèle.

Pendant toutes ces années, en effet, elle dut élever seule son jeune fils Télémaque et tenir le palais ; de plus, cent huit prétendants, venus des environs, la pressaient de se remarier avec l’un d’eux.

Pour différer sa réponse, elle leur dit qu’elle choisirait un nouveau mari dès qu’elle aurait terminé l’ouvrage qu’elle tissait pour Laërte, le père d’Ulysse ; mais, chaque nuit, elle défaisait le travail qu’elle avait fait le jour. Elle ne fut débarrassée d’eux qu’au retour de son mari.

 

Persée…

Fils de Zeus et de Danaé, Persée a connu une naissance miraculeuse. Ocrisios, le père de Danaé, qui avait appris d’un oracle que son petit-fils le tuerait, avait, à la naissance de Persée, mis sa fille et son enfant à la mer dans un coffre, en pensant qu’ils mourraient en mer ; mais c’est sans compter sur l’aide de Zeus, qui les fit arriver sains et saufs sur l’île de Sériphos.

Sur cette île, régnait un certain Polydectès qui tomba amoureux de Danaé ; mais Persée, qui avait grandi, ne le laissait pas approcher de sa mère ; le roi eut donc l’idée, pour éloigner Persée, de l’envoyer chercher un cadeau d’anniversaire extraordinaire, la tête de la Gorgone Méduse. Les Gorgones étaient trois sœurs terribles ; deux d’entre elles étaient immortelles ; seule Méduse pouvait être tuée. D’une laideur effroyable, Méduse avait une chevelure hérissée de serpents, des dents de sangliers, une peau écailleuse et de grandes ailes qui lui permettait de voler ; de plus, quiconque croisait son regard était aussitôt transformé en statue de pierre !

Persée dut partir à sa recherche. Mais Athéna et Hermès décidèrent d’aider leur demi-frère ; la première lui prêta son bouclier de bronze en vue du combat et lui conseilla d’aller voir les Grées (« les Vieilles »), qui vivaient en Afrique, trois sœurs des Gorgones qui connaissaient leur repaire.

Hermès lui prêta son épée recourbée et une besace. Persée parvint par la ruse à ce que les Grées lui dévoilent la cachette de Méduse et à ce qu’elles lui donnent deux objets dont il avait besoin : le casque d’Hadès qui rend invisible et des sandales ailées ; grâce à elles, il arriva très vite dans la grotte où vivaient les Gorgones et, durant leur sommeil, s’approcha de Méduse. En s’aidant du bouclier d’Athéna comme d’un miroir, il lui trancha la gorge. Du sang versé par Méduse naquit Pégase, le cheval ailé. Persée mit la tête de Méduse dans sa besace, se rendit invisible et s’échappa avant que les deux sœurs immortelles ne pussent le rattraper.

En rentrant auprès de sa mère, il rencontra Andromède, qu’il sauva d’un terrible destin avant de l’épouser. Une fois mariés, ils se rendirent tous deux à Sériphos, où Polydectès terrorisait Danaé ; Persée arriva a temps et, brandissant du sac la tête de Méduse, le changea en statue de Pierre. Il rendit alors aux dieux qui l’avaient aidé tous les objets magiques dont il avait profité, et Athéna plaça la dangereuse tête de Méduse au centre de son bouclier.

Persée retourna à Argos voir son grand-père ; mais ce dernier, qui n’avait pas oublié l’oracle, alla se réfugier en Thessalie. La prophétie se réalisa néanmoins, quand Persée, qui participait à des jeux funèbres, tua par accident Ocrisios qui faisait partie du Public. Affligé par son geste malheureux, Persée renonça au trône d’Argos, qu’il échangea contre celui de Tirynthe, où il finit sa vie.

 

Perséphone…

Fille de Zeus et de Déméter, Perséphone est, comme sa mère, une déesse du blé ; sa vie changea néanmoins radicalement le jour où elle fut enlevée par Hadès. Bien qu’elle passe la moitié de l’année en compagnie de sa mère, Perséphone intervient surtout comme reine des Enfers, trônant aux côtés de son mari.

 

Phaéton…

Ce fils d’Hélios avait été élevé par sa mère Clyméné dans l’ignorance de sa généalogie. Quand il apprit qui était son père, il supplia Hélios de lui laisser conduire son char une seule journée. Le dieu, malgré ses réticences, lui laissa les rênes, et Phaéton partit.

Mais le quadrige solaire n’était pas facile à guide ! Les chevaux, ne reconnaissant pas leur maître, allaient ou trop bas, desséchant des régions entières, ou trop haut, jetant la terre dans le froid et manquant de brûler les étoiles.

Pour sauver le monde, Zeus dut foudroyer Phaéton, qui tomba dans les eaux de l’Eridan.

 

Phèdre…

Fille de Minos et Pasiphaé et sœur d’Ariane, Phèdre devint la femme de Thésée.

 

Polynice…

Fils d’Œdipe et de Jocaste, Polynice fut chassé de Thèbes par son frère Etéocle, quand il revint, comme convenu, régner pour un an sur la ville. Il se réfugia alors à Argos, auprès du roi Adraste, qui l’aida à rassembler une armée dirigée par sept chefs pour le rétablir sur le trône.

Ces Sept contre Thèbes étaient Polynice, Adraste, Tydée, Parthéno-paeos, Capanée, Hippomédon et Amphiaraos. Cette expédition fut un échec total ; Polynice et Etéocle s’affrontèrent dans un duel, où ils périrent tous les deux. Leur oncle Créon, qui assura alors la régence, ordonna que le cadavre de Polynice, déclaré ennemi public, ne reçût pas de sépulture ; mais Antigone passa outre à cet interdit.

 

Poséidon…

Fils de Cronos et de Rhéa, Poséidon appartient à la première génération des Olympiens ; lors du partage de la terre entre les trois fils de Cronos, Poséidon obtint la domination sur les eaux et la mer, où il élut domicile. Toutefois, ses liens avec la terre sont très grands : il est le dieu des tremblements de terre, qui étaient conçus, dans l’Antiquité, comme l’effet de la colère du dieu de la mer. On le représente généralement muni du trident, l’arme des pêcheurs de thon. Le cheval et le taureau lui sont consacrés, car ils incarnent respectivement la vitesse et la force des vagues.

Poséidon est un dieu puissant, colérique et rancunier. Il voue une haine aux Troyens, depuis le jour où Laomédon, le père de Priam, manqua à sa parole : Apollon et Poséidon durent servir un an ce mortel, et il était convenu qu’ils l’aideraient à construire une muraille autour de Troie contre salaire. Les dieux s’exécutèrent, mais Laomédon refusa de payer ; Poséidon non content d’envoyer un monstre marin dévorer la fille du mortel, continua, durant la guerre de Troie, à soutenir les Achéens et à harceler les Troyens. Deux Achéens, cependant, eurent à essuyer son courroux. Ajax le petit, d’abord, qui s’était rendu odieux à tous les dieux par son impiété et le viol de Cassandre ; Poséidon aida Athéna à le punir, ensuite, pour avoir aveuglé son fils, le Cyclope Polyphème. Le dieu de la mer mit tout son pouvoir à empêcher le retour du héros (Ulysse).

Minos, tout comme Laomédon, manqua par orgueil à sa parole et fut dès lors en butte à la vengeance du dieu : Poséidon, pour aider Minos à prendre le pouvoir, avait envoyé un magnifique taureau, que Minos devait lui sacrifier en retour. Au lieu de cela, le roi de Crète décida de garder cette bête magnifique ; Poséidon rendit alors Pasiphaé, la femme de Minos, amoureuse folle du taureau. Celle-ci grâce à l’aide de Dédale, s’unit au taureau et enfant le Minotaure, monstre moitié homme, moitié taureau, que Minos cacha dans une prison nommé labyrinthe. En outre, Poséidon rendit fou le taureau qui se mit à dévaster la région, et fut capturé par Héraclès lors d’un de ses travaux.

Bien qu’il eût pour épouse Amphritrite, il eut, comme son frère, un grand nombre de maîtresses, divines ou mortelles, dont il eut beaucoup d’enfants. La plupart du temps, ces enfants, qui héritaient de la violence de leur père, étaient des monstres ou des bandits. Le Cyclope Polyphème est un de ses fils ; mais il fut également le père de Thésée, le héros d’Athènes.

A plusieurs reprises, Poséidon revendiqua la possession de nombreuses villes et se querella, souvent sans succès, avec les autres dieux à ce sujet. Il avait des vues sur Athènes, mais Athéna emporta l’adhésion des Athéniens ; il inonda alors la plaine de l’Attique. Au sujet d’Argos, il eut un violent démêlé avec Héra, qui était soutenue par les fleuves de la région ; de colère, Poséidon les assécha tous. A Corinthe, enfin, son rival était Hélios à qui fut accordée la colline qui surplombe la ville, tandis que Poséidon obtenait l’ensemble de l’isthme, entouré de part et d’autre par la mer.

 

Priam…

Ce fils de Laomédon était le roi de Troie durant la guerre menée par les Achéens. Il eut, d’après la tradition, cinquante enfants, dont dix-neuf de sa femme Hécube ; ceux d’entre eux qui jouent le rôle le plus important dans le cycle troyen sont Hector, l’aîné, Pâris, Déiphobe, Cassandre et Troïlos, le benjamin des fils de Priam, et le frère préféré du grand Hector.

Au moment de la guerre, Priam est trop vieux pour combattre, mais il suit de près avec sa femme l’évolution des combats ; roi plein de sagesse et de mansuétude, il est un des rares à ne pas mépriser Hélène.

A la mort d’Hector, alors qu’Achille refuse de rendre son corps, Priam n’hésite pas à aller supplier Achille dans sa tente de le lui restituer, et obtient gain de cause.

 

Prométhée…

Prométhée est un Titan, fils de Japet et de Thémis. Son nom même (« celui qui réfléchit avant d’agir ») fait de lui un personnage rusé et l’oppose à son frère Epiméthée (« celui qui réfléchit après »).

Contrairement à ce dernier, qui causa la ruine des hommes (Pandore), Prométhée est honoré comme bienfaiteur de l’humanité ; il passe même pour avoir créé les hommes, en façonnant des statuettes d’argile qu’Athéna dotait de vie.

Il se heurta cependant à la cruelle colère de Zeus, car Prométhée préférait les hommes aux dieux, et il ne supporta pas que Zeus les privât de feu, qui leur permettait de se chauffer et de cuire leurs aliments. Il monta donc sur l’Olympe, déroba une étincelle qu’il cacha dans le creux d’une tige et rendit le feu aux hommes. Zeus, furieux, envoya alors Héphaïstos enchaîner Prométhée sur le Caucase, où un aigle venait dévorer son foie ; et comme celui-ci repoussait chaque nuit, le supplice de Prométhée n’avait pas de fin. Zeus consentit néanmoins, longtemps après, à le libérer, quand Prométhée lui dévoila un secret : que celui qui épouserait Thétis serait chassé du pouvoir par son fils.

 

Protée…

Comme Nérée, Protée est un des « Vieillards de la mer », et était chargé de garder les troupeaux de phoques de Poséidon.

Protée avait le double pouvoir de prédire l’avenir et de prendre n’importe quelle forme ; ainsi, il échappait à ceux qui le questionnaient sur le futur en se transformant en différents animaux ou en torrent de flammes.

 

Rhéa…

Fille d’Ouranos et de Gaia et mariée à son frère Cronos, cette Titanide est la mère de la première génération des Olympiens.

Lasse de la tyrannie de son mari, qui avait avalé leurs cinq premiers enfants, elle cacha le dernier-né, Zeus, en Crète, d’où il revint, plus tard, libérer ses frères et sœurs et assurer sa domination sur le monde.

 

Sisyphe…

Ce fils d’Eole et d’Enarété est l’incarnation de la ruse mais, contrairement à celle dont fait preuve Ulysse, auquel on l’apparente parfois, d’une ruse sans scrupules ; car Sisyphe est aussi une figure de l’impiété.

Alors qu’il avait fondé Corinthe, Sisyphe fut le témoin du rapt d’Egine, la fille du dieu-fleuve Asopos, par Zeus ; et comme Asopos cherchait sa fille partout, Sisyphe lui proposa de lui révéler l’identité du coupable en échange d’une source. Asopos accepta le marché. Telle est l’origine de la haine de Zeus à l’égard de Sisyphe. Aussi envoya-t-il Thanatos, la personnification de la Mort, l’emporter.

Mais Sisyphe réussit à tromper Thanatos et à l’enfermer dans une tour. L’ordre du monde en fut bouleversé : les humains ne mourraient plus. Les dieux, contrains de réagir, envoyèrent Arès délivrer Thanatos ; une fois libre, la Mort revint pour emporter Sisyphe, qui ordonna à sa femme de ne pas l’ensevelir. Sisyphe se présentant donc devant le dieu des morts sans avoir reçu les honneurs funèbres, et le rusé mortel expliqua que l’impiété de sa femme en était la cause ; Hadès, irrité par l’impudence féminine, accepta que Sisyphe remontât sur terre pour punir sa femme. A nouveau à l’air libre, Sisyphe, qui était parvenu à ses fins, vécu encore de longues années aux côtés de son épouse.

Pour cette impiété, Sisyphe dut subir un châtiment dans le Tartare : il fut condamné à pousser éternellement un énorme rocher en remontant une pente, qui, arrivé au sommet, roulait de nouveau immanquablement en bas.

 

Tantale…

Fils de Zeus et de Ploutô, Tantale était fameux pour sa richesse ; ses enfants les plus célèbres sont Niobé et Pélops, le père de Thyeste et d’Atrée ; Tantale est, ainsi, à l’origine de la génération des Atrides, et l’on impute parfois la malédiction qui pèse sur eux à l’impiété de Tantale.

Ce mortel était pourtant fort apprécié par les dieux ; mais un jour, dit-on, il invita plusieurs d’entre eux à un banquet, au cours duquel il leur servit, pour tester leur clairvoyance, un ragoût fait à partir de son propre fils, Pélops.

Tous les dieux s’aperçurent, avant même de goûter, de l’infâme supercherie, sauf Déméter, qui venait de perdre sa fille Perséphone, et qui mangea l’épaule de Pélops. Les dieux, horrifiés, rendirent la vie à Pélops – et Déméter lui donna, pour remplacer l’épaule qu’elle avait mangée, une épaule en ivoire.

A sa mort, Tantale reçut un châtiment exemplaire : envoyé au Tartare, il était plongé dans l’eau jusqu’au menton et souffrait de soif ; mais dès qu’il approchait ses lèvres pour boire, l’eau se retirait aussitôt. Pareillement, une branche chargée de fruits appétissants pendait à portée de sa main, et Tantale souffrait constamment de la faim ; mais à peine levait-il le bras pour prendre un fruit, que la branche s’éloignait hors d’atteinte de l’affamé ; tel était le « supplice de Tantale » destiné à punir un mortel trop orgueilleux et impie.

 

Télémaque…

Né peu après le départ d’Ulysse pour Troie, Télémaque, élevé par sa mère Pénélope et par Mentor, le vieil ami d’Ulysse, n’a pas connu son père.

Les quatre premiers chants de l’Odysée, qui lui sont consacrés, nous montrent un jeune homme pieux, courageux et naïf ; exaspéré par le comportement des prétendants de sa mère, Télémaque se laisse convaincre par Athéna, qui prit alors les traits de Mentor, d’aller prendre des nouvelles de son père ; c’est ainsi qu’il rencontre Nestor, puis Ménélas, qui lui apprend que son père est prisonnier de Calypso.

De retour à Ithaque, il rencontre son père, et ensemble ils préparent leur vengeance ; Télémaque se charge d’ôter toutes les armes accrochées aux murs de la salle de banquet, afin que les prétendants ne puissent se défendre des coups d’Ulysse.

 

Thémis…

Thémis, fille d’Ouranos et de Gaia, personnifie la Loi et la Justice et siège sur l’Olympe auprès de Zeus, en qualité de conseillère du roi des dieux ; elle eut d’ailleurs de lui plusieurs enfants, notamment les Moires, déesses du destin.

C’est elle qui institua les lois et les oracles et c’est pourquoi elle est la seule Titanide à habiter avec les Olympiens. Dépositaire des secrets de l’avenir, elle joue un rôle dans la légende de Prométhée.

 

Thésée…

Thésée est le plus grand héros d’Athènes et il est, pourrait-on dire, à l’Attique ce qu’Héraclès est au Péloponnèse. Leurs légendes se recoupent parfois ; l’analogie commence dès la naissance du héros, puisque, à l’instar d’Héraclès, on attribue à Thésée une double ascendance, humaine en la personne d’Egée, le roi d’Athènes, et divine, car le héros passe régulièrement pour être le fils de Poséidon.

A seize ans, Thésée suivit sa mère devant le rocher et le déplaça sans effort, prit les sandales et l’épée, et partit pour Athènes. Il suivit à pied la route du bord de mer, infestée alors de monstres et de brigands, dont il débarrassa le monde, avant d’arriver à Athènes, où son père était sous l’emprise des sortilèges de Médée, sa femme. Celle-ci comprit tout de suite qui était Thésée, et persuada Egée, qui ne l’avait pas encore reconnu, de la laisser l’empoisonner ; par chance, Egée reconnut l’épée de Thésée au moment où Médée lui tendait une coupe de poison ; Egée jeta la coupe à terre et reconnut publiquement son fils ; quant à Médée, elle s’enfuit d’Athènes. Thésée donna une preuve ultime de son ascendance en débarrassant la plaine de Marathon du taureau qu’Héraclès avait ramené de Crète.

Après ce coup d’éclat, Thésée voulut aussi libérer Athènes du joug crétois : le roi de Crète Minos avait remporté une guerre contre Athènes et avait alors imposé à Egée de lui envoyer, chaque année, sept jeunes filles et sept jeunes hommes, qu’il donnait en pâture au Minotaure, un montre mi-homme, mi-taureau, enfermé dans un labyrinthe construit par Dédale.

Thésée, indigné d’un tel tribut, se fit mettre au nombre des jeunes hommes envoyés à Minos – car Minos avait promis de libérer les Athéniens s’ils parvenaient à tuer le Minotaure -, et gagna la Crète sur un navire aux voiles noires. Avant de partir, il fit un sacrifice à Apollon et à Aphrodite, et Egée lui confia un jeu de voiles blanches, qu’il avait ordre de mettre si jamais il rentrait sain et sauf à Athènes.

Arrivé en Crète, et grâce à la faveur qu’il avait auprès d’Apollon et d’Aphrodite, il séduisit Ariane, la fille de Minos, qui l’aida : elle lui confia une pelote de fil à accrocher à l’entrée du labyrinthe ; il n’aurait alors, après avoir tué le monstre, qu’à rembobiner la pelote pour sortir. Thésée, après avoir vaincu à mains nues le Minotaure ; retrouva effectivement sans peine la sortie et s’enfuit avec Ariane et les autres Athéniens sur leur navire – il avait promis à la jeune fille, si elle l’aidait, de l’emmener à Athènes et de l’épouser.

Le navire fit escale sur l’île de Naxos, où Thésée abandonna Ariane, et à Délos, avant d’arriver à Athènes ; dans sa précipitation, Thésée avait oublié les recommandations de son père, et n’avait pas changé les voiles de son navire : celui-ci, qui guettait sur la plage le retour de son fils, aperçut de loin les voiles noires et, croyant que son fils avait échoué, se jeta de désespoir dans la mer, qui prit dès lors le nom de mer Egée.

Les funérailles furent splendides et Thésée fut proclamé, à regret, roi d’Athènes. Thésée reste pour l’imaginaire grec, et athénien en particulier, le héros national de l’Attique et le fondateur de la démocratie.

 

Thétis…

Fille de Nérée et d’une immortelle, Thétis est la plus célèbre des Néréides ; élevée par Héra elle garda toujours pour la déesse une profonde affection.

Sa grande beauté faisait d’elle l’objet des avances insistantes de Zeus et de Poséidon ; or, Thémis savait le fils de Thétis serait plus puissant que son père et qu’il le détrônerait ; comme elle n’avait confié ce secret qu’à Prométhée,, ce dernier s’en servit comme monnaie d’échange pour être délivré de ses chaînes.

Quand Zeus apprit la prophétie, il décida qu’il était plus sage de marier Thétis à un mortel ; Pélée fut choisi, et tous les dieux furent conviés à leurs noces, à l’exception d’Eris (« la Discorde »), qui, pour se venger, lança dans l’assemblée une pomme destinée « à la plu belle ». Cette « pomme de la discorde », que se disputèrent Héra, Athéna et Aphrodite, fut à l’origine de la guerre de Troie.

Thétis vouait à son fils unique, Achille, un amour sans bornes et chercha par tous les moyens à le débarrasser de la mortalité que lui avait conférée Pélée. (Voir Achille).

 

Thyeste…

La légende de Thyeste est tout entière centrée sur sa rivalité sanglante avec son frère Atrée (Voir aussi Egisthe).

 

Tirésias…

Tirésias est le grand devin de Thèbes ; les circonstances dans lesquelles il acquit son dont ne font pas l’unanimité ; généralement on raconte que Tirésias, après avoir rencontré deux serpents, avait été transformé en femme durant sept ans, puis qu’il était redevenu un homme ; or, un jour, Zeus et Héra se disputaient pour savoir qui, de l’homme ou de la femme, éprouvait le plus de plaisir en faisant l’amour ; ils décidèrent de demander à Tirésias de trancher, puisqu’il avait connu les deux états ; celui-ci répondit sans hésiter que la femme éprouvait un plaisir neuf fois plus intense que l’homme…

Héra, furieuse, aveugla sur le champ Tirésias ; Zeus, en compensation, lui donna le don de prophétie. C’est ainsi qu’il devint le devin officiel de la famille royale de Thèbes.

Il révéla notamment à Œdipe qu’il avait tué son père et épousé sa mère et conseilla à Créon, après la mort d’Etéocle et Polynice, d’enterrer ce dernier, ce que ne fit pas Créon, pour son grand malheur (Voir Antigone).

 

Tydée…

L’épisode le plus fameux de sa légende est sa participation à l’expédition des Sept contre Thèbes, dirigée par Polynice pour reconquérir son trône.

Tydée était un protégé d’Athéna, et elle avait même réussi à obtenir de Zeus un flacon d’ambroisie pour le rendre immortel. Mais, durant la bataille devant Thèbes, alors qu’Athéna apportait à son protégé la fiole d’ambroisie, Tydée combattit Mélanippos ; il le tua mais fut mortellement blessé. Or le héros, enivré par une fureur sanguinaire, loin de laisser là le cadavre de son ennemi, lui fendit le crâne et dévora sa cervelle. Athéna, horrifiée par cet acte, fit demi-tour avec la fiole et laissa mourir Tydée sur le champ de bataille.

 

Ulysse…

Ulysse est un personnage de l’épopée homérique ; il est le fils de Laërte et d’Anticlée et a pour ancêtre Zeus et Hermès, le dieu des stratagèmes. Car ce roi d’Ithaque, « l’homme aux mille tours », est resté célèbre pour sa ruse et il est tout naturellement le protégé d’Athéna, qui apprécie son intelligence et son ingéniosité.

Durant l’expédition et le siège de Troie, Ulysse se distingua par sa ruse, mais aussi par sa cruauté et son absence de scrupules : c’est lui qui retrouva Achille caché par Thétis sur l’île de Scyros et il eut l’idée du cheval pour prendre une ville que les armes n’avaient su réduire. Il fit construire un grand cheval de bois dans lequel il se cacha avec d’autres soldats. Les Achéens firent mine de partir en abandonnant le cheval sur la plage, comme s’il s’agissait d’une offrande à Poséidon ; les Troyens firent entrer le cheval dans leur ville, et, la nuit venue, les soldats en sortirent, tuèrent les sentinelles et ouvrirent les portes de la ville au reste de la troupe. Après cet « exploit », Ulysse n’hésita pas non plus à se faire attribuer injustement les armes d’Achille, alors qu’elles revenaient de droit à Ajax, dont il fut responsable du suicide ; selon certaines versions, c’est lui qui fit mettre à mort le petit Astyanax et Hécube, la femme de Priam.

Si l’Iliade et les récits de la guerre le présentent sous un jour souvent peu favorable, il est en revanche, le personnage principal de l’Odyssée, et on découvre un homme sage et modéré en proie à la colère des dieux – essentiellement celle de Poséidon. Symbole même d’une condition humaine vouée à l’errance et aux revirements soudains de la fortune, le roi d’Ithaque acquiert la grandeur qui lui manquait. Voici les principales étapes de son voyage :

L’île des Cyclopes. Ulysse et ses compagnons débarquent sur une île, la Sicile, peuplée d’êtres gigantesques, doués d’un seul œil rond (c’est le sens du mot Cyclope en Grec). Ils parviennent dans la grotte de l’un d’entre eux, Polyphème, qui entend bien les dévorer. Ulysse lui fait croire qu’il s’appelle « personne » et lui fait boire du vin ; le Cyclope, qui n’en avait jamais bu, sombre rapidement dans le sommeil, et Ulysse en profite pour lui crever l’œil avec un pieu et s’échapper ; Polyphème appelle au secours ses congénères et leur explique que « son œil a été crevé par personne » ; les autres cyclopes le prennent pour un fou et Ulysse parvient à prendre le large. Mais par cet acte, il encourut la colère de Poséidon, le père du Cyclope. Celle-ci eut des conséquences terribles : le seigneur des mères fit tout dès lors pour empêcher le héros de rentrer à Ithaque.

L’île d’Eole. Eole, le maître des vents, accueille Ulysse et lui confie une outre contenant tous les vents. Mais ses compagnons, qui croyaient qu’elle contenait un trésor, l’ouvrent dans son sommeil : tous les vents s’en échappent en même temps et une tempête envoie le navire d’Ulysse à l’opposé de sa destination.

L’île de Circé. Cette île italienne était habitée par une puissante magicienne, Circé, fille d’Hélios, qui transforma les compagnons en pourceaux. Ulysse reçut d’Hermès une plante magique, le moly, grâce à laquelle il put résister aux enchantements de Circé ; la sorcière rendit alors forme humaine aux compagnons du héros et offrit au roi d’Ithaque l’hospitalité pendant un an. Ulysse eut d’elle un fils, Télégonos.

Les Sirènes. Sa route passait le long de l’îlot des Sirènes, créatures mi-femmes mi-oiseaux, dont le chant charmait quiconque l’entendait et provoquait son naufrage. Ulysse, averti du danger, ordonna à ses compagnons de l’attacher au mât de son navire et leur fit se boucher les oreilles avec de la cire en leur ordonnant de ne pas prêter attention à ses cris. Ulysse put ainsi profiter du chant merveilleux des Sirènes sans risques.

Charybde et Scylla Deux monstres terribles gardaient le détroit de Messine et, après avoir échappé de justesse au premier par Calypso. Il resta, dit-on, dix ans auprès de cette belle nymphe, et Athéna elle-même dut intervenir pour qu’elle le laissât partir.

L’île des Phéaciens. Ulysse repartit alors sur un radeau qu’il construisit lui-même ; mais Poséidon, rancunier au suprême degré, n’avait pas oublié l’outrage qu’il avait fait à son fils et envoya une terrible tempête sur ce radeau. Ulysse échoua alors sur une île, où il rencontra Nausicaa ; grâce à elle il fut reçu par son père Alcinoos, roi des Phéaciens, qui le reçut avec hospitalité ; ému par le récit de ses aventures, il le fit emmener à Ithaque sur un de ses navires.

Le retour à Ithaque. A peine débarqué, Ulysse, qui avait bien changé en vingt ans d’absence se rendit chez Eumée, son porcher, qui le reconnut. Là, il put rencontrer son fils et tous deux mirent au point un plan pour se venger des prétendants (Voir Télémaque). Ulysse se déguisa en mendiant et, sans se faire reconnaître de personne, se mêla au groupe des prétendants. Il ne tarda pas à les tuer l’un après l’autre de son arc. Il se fit ensuite reconnaître de Pénélope, qui fut enfin récompensée par sa fidélité.

Pour toutes les épreuves qu’il eut à affronter, et au même titre qu’Héraclès, Ulysse fut très vite érigé au rang de figure symbolique ; beaucoup de philosophes virent en lui le sage par excellence ; ce héros, guidé par sa nostalgie (« mal du retour » en grec), reste pour nous un point de référence universel.

 

Zeus…

Roi des Olympiens, dont il a assuré la domination, Zeus est le dernier-né des enfants de Cronos et de Rhéa.

Dieu du ciel lumineux, il choisit comme domaine, après avoir renversé son père et pris le pouvoir, le ciel et la terre, alors qu’à ses frères Poséidon et Hadès échurent respectivement la mer et le monde souterrain. D’après la vision cosmologique du monde, Zeus incarne le ciel dans toutes ses manifestations météorologiques : ce ciel, tour à tour serein ou embrumé d’orage, traduit fidèlement l’humeur du maître du monde ; la pluie, la grêle et la neige sont directement envoyées par lui, ainsi que la foudre, forgée par les Cyclopes, qui est son arme de prédilection. Aussi les artistes le représentent-ils généralement debout avec un éclair à la main ou assis sur son trône céleste ; sa barbe, épaisse et bouclée, lui donne un air de majesté souveraine. L’aigle est son messager, et le chêne lui est consacré.

Ce dieu puissant est redouté par tous, et les hommes attendent les signes qu’il leur envoie. Son règne, cependant, n’a pas toujours été celui de la sagesse et de la justice, et son histoire peut se lire comme celle d’une ascension vers le pouvoir et de la tentation tyrannique, que le dieu devra surmonter afin de régner légitimement sur le monde.

Car dès sa naissance, Zeus s’illustre comme le sauveur et il incarne l’espoir d’un ordre nouveau, celui de la justice. Cronos, une fois arrivé au pouvoir, était devenu un tyran craint de tous ; il dévorait ses enfants à peine sortis du ventre de leur mère ; Rhéa n’en pouvait plus et décida de sauver le dernier. Elle partit en secret sur terre, mit au monde Zeus, qu’elle confia à des nymphes crétoises, et donna une pierre emmaillotée à son mari, en la faisant passer pour son dernier-né. C’est donc en Crète que le futur roi des dieux fut élevé par des nymphes, et nourri par une chèvre, Amalthée. Le petit Zeus gagnait vite en force et en intelligence et, dès qu’il fut jeune homme, il décida de renverser son père. Métis, la déesse de la ruse, fit absorber à Cronos un hémétique ; le Titan vomit alors ses cinq enfants, Hestia, Déméter, Héra, Hadès et Poséidon, et la guerre entre les nouveaux dieux et les anciens Titans commença. Zeus eut à la bonne idée de délivrer les Hécatonchires et les Cyclopes, que son père avait enchaînés dans le Tartare et, grâce à leur soutien actif, Zeus eut la victoire et devint ainsi le roi des dieux.

Zeus obtint de cette façon le pouvoir absolu ; son règne fut d’abord plein de justice et il veillait à ce que l’ordre du monde fût toujours préservé.

Pour cela, il se maria d’abord à Métis, qu’il avala pour faire sienne sa ruse naturelle, puis à Thémis, la Justice, qui accepta de devenir sa conseillère. Sa seule épouse légitime fut néanmoins sa sœur Héra, qu’il trompa maintes fois avec des déesses (Déméter, Létô, Hermès) comme avec des mortelles (Io, Léda, Dionysos).

Pour sauvegarder l’équilibre du monde, il dut mettre à mort Phaéton et Asclépios, provoquant la colère d’Apollon. En réalité, petit à petit, son pouvoir ne souffrait plus l’opposition : il punit cruellement Prométhée, sans lequel, pourtant, il n’aurait pu vaincre les Titans, d’avoir voulu aider les hommes, réduits à la misère par le roi des dieux.

Héra supportait mal ses infidélités ; une des plus fameuses fut consommée avec Europe, une jeune princesse syrienne, que Zeus, transformé en taureau, enleva, alors qu’elle s’amusait sur une plage. La passion de Zeus pour la beauté ne se limitait pas aux jeunes filles ; il fut partiellement séduit par un jeune berger, Ganymède, et décida de l’enlever lui aussi. Il prit, cette fois, l’apparence d’un aigle, emportant l’adolescent dans ses serres et le conduisit sur l’Olympe, où il fut chargé de verser chaque jour aux dieux le nectar et l’ambroisie qui leur confèrent l’immortalité.

Zeus n’en faisait donc qu’à sa tête, et même s’il donna le jour à de valeureux héros qui se mirent au service de l’humanité (Héraclès, Persée), certains parmis les dieux commençaient à murmurer contre celui qui ne faisait guère mieux que son prédécesseur. C’est Gaia qui prit l’initiative : lassée du comportement de son petit-fils, elle poussa à la révolte les Géants, ses fils, qu’elle rendait immortels et invincibles grâce à une herbe magique qu’elle produisait.

Zeus et les Olympiens étaient dans une fâcheuse posture ; le roi des dieux eut alors l’idée d’ordonner au Soleil, à la Lune et à l’Aurore de ne plus se lever : la Terre, entourée d’obscurité, fut incapable dès lors de faire pousser l’herbe magique. La Gigantomachie (« la bataille des Géants ») eut lieu et les dieux parvinrent à neutraliser leurs ennemis. Héraclès, néanmoins, dut les achever de ses flèches empoisonnées, car seul un mortel pouvait tuer les Géants. Ce fut l’épreuve qui souda la solidarité des Olympiens : le pouvoir de Zeus sur les dieux et les hommes ne fut désormais plus remis en cause.

Assis sur son trône au somme de l’Olympe, Zeus rend la justice et s’occupe du destin des hommes ; il n’est cependant pas le garant de l’ordre du monde et ne peut en aucun cas changer le cours du destin. Invoqué comme l’ultime arbitre, il juge les différends qui opposent les dieux et les homms.

Zeus est donc sans aucun doute le plus puissant des dieux grecs ; il intervient dans la plupart des récits mythologiques, car tout sur terre comme dans le ciel lui doit obéissance. Toutefois, l’histoire de son pouvoir, qui n’a pas été exempt de despotisme, montre que les dieux, comme les hommes, sont susceptibles de céder à la démesure…