Les guerres fleuries

 Chez les Aztèques, la guerre est présente dans tous les actes de la vie. L’esprit belliqueux ne quitte pas la vie quotidienne, même celle du simple citoyen. En effet, seul le métier de la guerre assure les plus brillantes carrières aux hommes capables de gagner tous les combats. Il n’est donc jamais trop tôt pour s’y préparer.

 

 A la naissance, le cordon ombilical du nouveau-né est enterré sous le seuil de la maison ; si c’est un garçon, la sage-femme lui adresse un long discours, lui promettant une destinée de guerrier : « Ta mission est de donner à boire au Soleil avec le sang des ennemis. » Dès six ou sept ans, l’enfant entre à l’école, le « telpochcalli ». Les exercices militaires tiennent une grande place dans son éducation.

Les travaux pratiques consistent en de véritables simulacres de combats. Vers l’âge de dix ans, en signe de maturité masculine, on lui coupe les cheveux, sauf une courte mèche sur la nuque. Pour la couper, il devra avoir fait un prisonnier au combat. Avec quatre prisonniers ou guerriers ennemis abattus, il deviendra vraiment adulte, citoyen à part entière, un « tequina ». Il aura le privilège d’acquitter sa part d’impôts, de participer à l’administration et aux commandements de la cité. Celui qui n’a pu se distinguer reste homme du peuple. L’ambition extrême du tequina est d’être admis dans les ordres supérieurs des guerriers.

Celui des « chevaliers-jaguars » qui portent la peau de ce fauve redoutable, ou celui des « chevaliers-aigles », le plus recherché. L’aigle n’est-il pas le symbole même du Soleil ! Car c’est pour le Soleil que le soldat combat. Grâce à la guerre sacrée, véritable « jugement des dieux », le guerrier doit fournir les prisonniers destinés aux sacrifices. Aussi la guerre a-t-elle des lois bien déterminées. Après le premier choc d’une bataille rangée, chaque combattant cherche à capturer son adversaire vivant plutôt qu’à le tuer. Des « aides » accompagnent les combattants, pour ligoter l’adversaire renversé. Le suprême sacrifice exige un prisonnier bien vivant !

La lutte est inégale. Armés de leurs longues lances à pointe d’obsidienne, de terribles guerriers mayas surprennent de pauvres paysans, terrorisés, dans une clairière du Yucatan.

 

 

 Voici l’heure du sacrifice. Les chefs de Bonampak rassemblent devant eux ceux qui vont mourir. Les prisonniers sont jetés sur les marches du temple. Le grand prêtre, au large manteau symbolique en peau de jaguar, flanqué de dignitaires, prononce la sentence de mort.

 La guerre est terminée : on manquera de victimes pour les sacrifices. On organise alors des tournois où les vaincus seront sacrifiés. L’« Aigle » aztèque à la lance-massue redoutable, attaque un guerrier mixtèque.

 

  « Victoire ! » s’écrie l’Iroquois, arrachant de la tête du guerrier abattu la peau du crâne où s’implantent les cheveux. C’est le « scalp ». Pour l’Indien, cette masse chevelue symbolise la force du guerrier vaincu. Désormais, c’est lui qui la possédera.

 

 Le Grand Inca trône dans la lourde litière que portent 4 guerriers. C’est le chef tout-puissant de l’immense empire qui s’étend le long de la Cordillère des Andes. Une frange de pourpre barre son front, symbole de son autorité. Ses guerriers, pressés en rangs serrés, armés de casse-tête, de lance-pierres, d’arcs, sont nombreux ; on en compte 5 000 dans la citadelle de Sacsahuaman, aux remparts faits de lourds monolithes. La citadelle défend Cuzco, capitale de l’Inca. Mal organisées, terrorisées, les tribus rebelles ne peuvent que livrer de misérables combats.