Des chasseurs et des pêcheurs astucieux

Une économie bien conçue est souvent fondée sur la chasse d’un animal courant dont on utilise toutes les parties. Il en est ainsi de la « civilisation du bison ». « Tout est bon » chez cet animal : la chair pour nourriture, les tendons et les nerfs pour bander les arcs, les cornes utilisées comme récipients, les os pour fabriquer des outils, des perçoirs ou des poinçons, l’omoplate, une vraie pelle pour creuser la terre, la graisse pour garnir les lampes et s’éclairer. Jusqu’aux excréments qui, une fois séchés, assurent le chauffage.

Les Indiens des plaines tempérées du Far West ont longtemps vécu du bison, comme nos chasseurs magdaléniens d’Europe, quelques millénaires avant eux. Mais, stupidement, le XIXe siècle a massacré impitoyablement et les bisons et les Indiens qui ne pouvaient subsister l’un sans l’autre. Voilà une page d’historie qu’il est difficile d’oublier !

Dans les terres plus froides du Nord du continent américain, d’autres civilisations vivent de la chasse au grand cerf, le wapiti, ou de la chasse au renne, le caribou. Plusieurs millénaires auparavant, l’Europe préhistorique connut des civilisations chasseresses de la même nature.

La mer, meilleur refuge que la terre, plus accueillante aux animaux comme aux hommes, maintient plus longuement ces économies « animales », telles celles de la baleine et du phoque, dans les étendues glacées de l’Arctique. Pour un temps survit l’économie du saumon, poisson aux migrations régulières, prévisibles, et que l’on peut conserver dans des sécheries, même en dehors de la campagne de pêche. La grande et dense forêt équatoriale, qui s’étend du tropique du Cancer au tropique du Capricorne, n’offre que des possibilités de chasse ou de pêche aléatoires et misérables. Elle est en outre très difficile à pénétrer. L’homme y sera toujours peu nombreux, très isolé, coupé des influences extérieures.

Dans le détroit de Magellan, entre les hautes falaises de la Patagonie et de la Terre de Feu, des pêcheurs font avancer leurs embarcations en écorce de bouleau : les Yahgans chassent les loutres de mer à la lance et à la fronde.

Dans un des bras innombrables du fleuve Marañon, au cœur de la forêt amazonienne, le chasseur utilise la « sarbacane », un bambou long de plus de 3 mètres. Il projette, en soufflant, les flèches mortelles, enduites d’un poison violent, le curare, contenu dans un petit pot pendu autour du cou.

Six troncs de balsa (débités en grosses planches) forment ce radeau. Le balsa, bois de très faible densité, est, comme le liège, grand porteur sur l’eau. Poussés par leurs embarcations à voile triangulaire, ces Indiens d’Amazonie descendent la Madre de Dios, issue du plateau bolivien.

Chasseurs de baleines et de phoques, les Eskimos du Grand Nord vivent dans des cabanes enterrées, au toit soutenu par des côtes de baleine. L’ »oumiak », embarcation de cuir est indispensable pour la chasse en mer. Un « oumiak » repose ici sur des piquets pour séchage et réparation.

Le wapiti, grand cerf des plaines de l’Ouest, magnifique bête de 40 kilos, est méfiant et rapide. Deux Indiens se camouflent sous une peau de cerf ; coiffés d’une ramure, ils imitent la démarche de l’animal. Ainsi l’approchent-ils plus facilement pour lui décocher leurs flèches.

Sur la côte occidentale du Pacifique, un puissant torrent dévale des Rocheuses. Sur un « rapide », les Indiens établissent un barrage de filets en fibres d’orties, doublé de longues lignes comptant jusqu’à 100 hameçons. A l’automne, la remontée des saumons permet une pêche miraculeuse.