A l’abri des châteaux forts
et des forteresses

 

Donjons, citadelles ou remparts… la France est parsemée des traces d’un passé historique tumultueux. Le château fort médiéval y occupe une place à part. Il est porteur de mythes. Ses ruines ont enthousiasmé les romantiques ; les touristes ont suivi, qui se pressent dans les visites guidées. La passion des vieilles pierres s’imprègne d’images de chevaliers, de tournois et de sièges. La fortification elle-même a une histoire, celle d’une incessante parade à l’art d’attaquer les places fortes…

 

Au Xe siècle, alors que se constitue peu à peu le système féodal, l’Europe occidentale subit plusieurs vagues d’envahisseurs, en particulier les Normands, les Sarrasins et les Hongrois.

Les pillages créent une insécurité grandissante. Afin de se protéger, les seigneurs construisent des mottes, élévations de terre artificielle de 10 à 30 mètres de hauteur. A leur sommet se trouve la tour en bois du seigneur, ancêtre du donjon. Elle surplombe la basse cour des serviteurs et des domestiques.

La tapisserie de Bayeux témoigne de l’importance du château à motte. Toutes les forteresses qui y sont représentées figurent sous la forme d’une motte surmontée d’une tour carrée.


Tapisserie de Bayeux


Château à motte

 

Dès le Xe et XIe siècles, les donjons sont édifiés en pierre. Ils adoptent d’abord le plan carré, comme le donjon de Chambois en Normandie. Ces ouvrages défensifs à plusieurs étages servent également de lieu de résidence aux seigneurs.

Les donjons deviennent rapidement le symbole du pouvoir féodal.


Château Périgourdin

 

 

 

Donjon (photo de 1904)

 

 

 

Forteresse de Saladin

 

Au XIe et XIIe siècles, apparaissent des châteaux forts d’un type plus élaboré. Erigés dans des sites naturels faciles à défendre, ils sont dotés de structures nouvelles.

Autour du donjon se constituent des courtines flanquées de tours et de fossés.

L’ensemble est couronné de chemins de ronde sur hourds de bois, puis sur mâchicoulis en pierre.

Une série d’enceintes concentriques est orientée vers le dernier réduit défensif, le donjon. Cette disposition permet de mieux résister aux armes de siège : échelles, béliers, catapultes ou trébuchets.

 

Baliste

Bélier

Catapulte

Mangonneau

Trébuchet

 

Au XIIIe siècle, les demeures royales deviennent le modèle des châteaux forts.

Parmi les siècles célèbres figure celui de la forteresse cathare de Montségur, qui, en 1244, résiste pendant dix mois. Tours, mâchicoulis, portes d’entrée à pont-levis ou archère… les ouvrages défensifs se multiplient et deviennent de plus en plus imposants. Le but est aussi d’impressionner l’ennemi, selon le principe de dissuasion inséparable de toute défense.

 


Courtine


Meurtrière


Echauguette


Bretèche

 

A partir du XIIIe siècle, les villes deviennent un enjeu majeur dans la lutte opposant rois capétiens et grands féodaux. Le symbole en est Carcassonne, aujourd’hui la plus imposante forteresse médiévale d’Europe avec sa double enceinte de murs ponctuée de tours fortifiées. La décision de fortifier Guérande a été prise en 1343 après le sac de la ville par Louis d’Espagne. Avec ses remparts flanqués de dix tours qui la cernent sur deux kilomètres, elle est surnommée la Carcassonne de l’Ouest.

 


La Cité de Carcassonne

http://www.carcassonne.culture.fr/

 

Dès 1440, l’apparition de la « poudre noire » provoque la « crise du boulet ». Confrontés à la puissance de l’artillerie, les châteaux forts médiévaux doivent évoluer et adoptent des solutions de fortune : ajout de tours à canons, élévation des courtines, adaptation des embrasures pour le tir des mousquets, ou apparition des archères canonnières.

 
Canon

 

Eglises et abbayes fortifiées

Dans la ville d’Albi, qui donna son nom à la croisade contre les Cathares, la cathédrale-forteresse a pour vocation de réaffirmer la puissance de l’Eglise catholique dans cette région. Les courtines de briques sont flanquées d’épais contreforts extérieurs, le clocher-donjon s’élève à 78 mètres de hauteur.

 


Cathédrale d'Albi

 

Toutefois, dans les périodes troubles du Moyen Age, la fortification des églises et des monastères est surtout entreprise pour assurer la protection des religieux et des populations contre les envahisseurs.

Pendant la guerre de Cent Ans, de nombreuses églises fortifiées le  long des côtes du Sud-Ouest, leurs clochers-donjons servant de tours de guet.

L’invulnérabilité du Mont-Saint-Michel s’explique par son insularité, les sables mouvants, ses fortifications.

 


Le Mont Saint-Michel

 

L’église d’Esnandes, fortifiée pendant la guerre de Cent Ans, possède tous les ouvrages défensifs d’un château : mâchicoulis, échauguettes, créneaux, bretèches et meurtrières.

 
L’Eglise d’Esnandes

 

La poste noire ou la Grande Peste

La peste noire ou Grande Peste s’est déclenchée en Inde en 1346 et fut importée en Europe par les navires génois. De 1347 jà 1352, elle tue de 25 à 40 millions de personnes. Très vite, les villages se referment sur eux-mêmes et les villes instituent des « capitaines de la peste » qui exigent des « billets de santé » à tout nouvel arrivant.

Les maisons des pestiférés sont barricadées et marquées d’une croix noire. Ces mesures se révèlent peu efficaces : la panique et l’ignorance médicale contribuent à propager la maladie.

L’Hôpital Saint-Louis a été construit en 1607 à l’extérieur de l’enceinte de Paris afin d’isoler les victimes de la peste.

 
L'Hôpital Saint-Louis

 


Habit des médecins

 

Si la peste renaît périodiquement en Occident jusqu’au XVIIe siècle, les mesures deviennent plus efficaces. Aux portes des villes et dans les ports, la quarantaine se généralise, tandis que les lazarets étroitement surveillés sont installés à l’extérieure des murs. Après une dernière apparition en 1720 à Marseille et en Provence, la peste disparaît de l’Occident.