Les Bourbons
Marguerite de Valois
(1553-1615) |
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Epouse de Henri IV (en 1572) Dès son plus jeune âge, Marguerite de Valois connaît le luxe propre à la cour de ses parents Henri II et Catherine de Médicis. Elle est surnommée Margot et fait l'objet de toutes les attentions. Elle apprend bien sûr les langues mais elle s'intéresse aussi aux sciences, ce qui n'est pas courant pour une princesse de l'époque. Très préoccupée par sa beauté, elle a tendance à se laisser guider par ses sens et manque de jugement dans ses actes. On murmure qu'elle est initiée très jeune aux jeux de l'amour. Catherine de Médicis est préoccupée par l'évolution de sa fille et s'attache à lui trouver un parti digne de ce nom. La frivole Margot est encore loin de s'imaginer que sa mère veut en faire l'instrument d'une réconciliation entre les religions du royaume. Malgré tous les dangers qui pèsent sur cette union "contre nature", le mariage de Marguerite et d'Henri de Navarre (de confession protestante) est célébré en 1572. Comme de coutume à la cour des Valois, les fêtes sont brillantes et comblent Margot par leur démesure. Henri est contraint d'abjurer et demeure trois ans au Louvre où il se sent prisonnier. Pendant que le prince trompe son ennui en satisfaisant son goût pour la chair, Margot fait de même en se prenant de passion pour les grands comme les humbles. Ses frasques gênent la cour, mais on lui pardonne beaucoup. De son côté, Henri finit par fuir. Il revient à la foi protestante et lutte contre la famille de sa propre femme. Chacun des époux mène librement sa vie faite de rencontres. Si la chose n'étonne guère pour un homme, elle choque beaucoup plus pour une femme et Margot acquiert une réputation sulfureuse. Henri décide de l'établir dans la forteresse d'Usson qui ressemble d'avantage à une prison qu'à une résidence. La mort de son frère Henri III bouleverse son destin. A condition d'abjurer et d'embrasser la foi catholique, Henri de Navarre devient roi de France. Devenu Henri IV, le monarque se préoccupe d'assurer sa descendance et reproche à Margot de ne pas lui donner d'enfants. On prétend que ses débordements l'ont rendue stérile, mais Margot n'entend pas se laisser faire. La "reine" demeure à Usson où elle se livre aux jeux, à la lecture et à la fréquentation assidue de ses amants. A la mort de Gabrielle d'Estrées, elle finit par consentir à l'annulation du mariage. C'est chose faite en 1599 et la voie est désormais libre pour Henri IV qui veut épouser Marie de Médicis. Le roi hésite à la laisser revenir à Paris, mais Margot aime trop la vie de fêtes pour demeurer longtemps encore dans sa forteresse. Elle revient en 1605 en Ile de France et participe à la vie de la cour. Occupant une place inédite dans l'histoire des reines de France, elle a le temps d'assister à l'assassinat de son époux, à la régence de Marie de Médicis et au début du règne de Louis XIII. Elle meurt en 1615 à l'âge de
soixante-deux ans, sans avoir jamais quitté la vie de la cour et ses fêtes
brillantes qu'elle affectionnait tant. |
Marie de Médicis
(1573-1642) |
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Epouse de Henri IV (en 1600) La fille du grand-duc François-Marie Ier de Toscane en veut dès son enfance à son père d'avoir refait sa vie avec une nouvelle épouse et délaissé ses enfants. Marie est ambitieuse et se sent taillée pour un grand destin d'autant plus que certains membres de son entourage ne cessent de le lui rappeler. Parmi ses proches, une certaine Léonora Caligaï possède un grand ascendant sur la jeune fille. Obstinée, Marie refuse les partis qu'on lui propose. Elle les juge trop modestes à ses yeux. Survient alors l'épisode de la négociation de l'importante dette de la cour de France envers les Médicis. De l'argent à la politique, il n'y a qu'un pas et de la politique à l'amour, il ne faut guère s'encombrer de scrupules. La jeune femme accepte la perspective d'un fastueux mariage et son arrivée en France. A vingt-huit ans, elle donne un premier fils au roi, suivi de cinq autres enfants. Marie se plaît dans son rôle de reine, même s'il lui faut supporter un voisinage gênant avec les maîtresses et les bâtards du souverain. La mésentente entre les époux croît au fil des
années mais Marie réussit à ne pas se faire chasser de la cour... De son
côté, Louis XIII laisse le pouvoir à son favori et Marie se retrouve
reléguée au château de Blois. Marie caresse l'espoir de rentrer en France,
mais Louis XIII préfère la voir retourner à Florence. C'est finalement à
Cologne qu'elle achève sa route. Elle tombe malade et meurt en 1642. Elle
est inhumée à Saint-Denis. Son fils, auquel elle s'était tellement opposée,
meurt quelques semaines plus tard. |
Anne d'Autriche
(1601-1666) |
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Epouse de Louis XIII le Juste (en 1615) Fille du roi Philippe III d'Espagne et de l'archiduchesse Marguerite d'Autriche, Anne reçoit une stricte éducation chrétienne propre aux Habsbourg. A l'instigation de Marie de Médicis, un double mariage est décidé. Elisabeth (soeur de Louis XIII) épouse le futur roi d'Espagne pendant que Louis XIII convole avec Anne. A 14 ans, Anne quitte donc son pays, accompagnée d'une suite espagnole. Il faut attendre plusieurs années pour que le mariage soit consommé et, quand cela finit par être le cas, la reine ne réussit pas à donner d'enfant viable au roi. Sa position à la cour est peut attrayante d'autant plus qu'elle ne peut guère prétendre à un quelconque pouvoir. Le roi laisse les rênes du gouvernement au cardinal de Richelieu. Pour ne rien arranger, l'affaire Buckingham porte un coup fatal à la réputation de la reine jusqu'à là privée d'amour. En 1625, on apprend que l'Anglais a offert des ferrets de diamants à la souveraine. Pendant ce temps, le roi trouve de nouveaux favoris. Richelieu, qui concentre de nombreux pouvoirs, est le premier à vouloir sa chute. Anne est soupçonnée d'avoir transmis des renseignements secrets, et sa position à la cour paraît de plus en plus intenable. C'est à ce moment là que survient l'incroyable nouvelle : Anne est enceinte des oeuvres du roi. Elle met au monde un fils après vingt-trois ans de mariage. Certes cette maternité ne la fait pas complètement rentrer en grâce d'autant plus que le roi a succombé au charme d'un nouveau favori. Anne réussit néanmoins à donner un autre héritier à la couronne, le prince Philippe. C'est la mort qui va sceller le destin d'Anne. D'abord celle de Richelieu puis celle de son époux. Elle fait casser le testament de Louis XIII et obtient le pouvoir. Contre toute attente, elle le confie aussitôt à Mazarin qui fut un proche de Richelieu. La reine prend de la France dans la guerre contre l'Autriche mais elle doit faire face à la fronde du parlement qui l'oblige à fuir la capitale. Le mécontentement lié aux impôts levés pour financer les guerres est à la base de cette révolte. Mazarin en est réduit à l'exil et retrouve sa place à la cour en 1653. Sept ans plus tard, Anne assiste à
l'union de son fils Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse d'Espagne.
Mazarin meurt en 1661 et Louis XIV prend le pouvoir. Anne se retire pour se
consacrer à la prière et aux bonnes oeuvres. Suite à une longue et
douloureuse maladie, elle s'éteint en 1666. Il n'en reste pas mois qu'Anne
d'Autriche fut une des souveraines à avoir exercé la plus grande influence
sur la gestion des affaires de la couronne, notamment pendant la fronde. |
Marie-Thérèse de Habsbourg-Espagne
(1638-1683) |
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Epouse de Louis XIV le Grand (en 1660) Fille du roi d'Espagne Philippe IV et d'Elisabeth de Bourbon, Marie-Thérèse connaît la stricte éducation d'une jeune princesse à la cour de Madrid. Son mariage avec Louis XIV est placé sous le signe de la réconciliation franco-espagnole. Entre les époux, la passion n'est pas partagée. Louis juge son épouse peu séduisante et on raconte qu'il aurait même pâli en la découvrant. Néanmoins, le roi accomplit son devoir conjugal tandis que la reine est sincèrement éprise de son mari. C'est le début d'une longue union placée sous le signe de la divergence des sentiments. Marie-Thérèse donne un premier fil (Louis, le Grand Dauphin) au roi. Suivent cinq enfants qui meurent tous en bas âge. Ces deuils éprouvent durement la reine qui doit affronter les multiples favorites de son époux. La concurrence ne s'effectue pas seulement dans la couche royale, son coeur de mère saigne aussi de devoir supporter la présence des bâtards du roi qui paraissent eux en bonne santé. Après l'affaire des poissons, la reine fait la connaissance de madame de Maintenon, celle qui deviendra la deuxième épouse du roi. La reine est malheureuse et trouve un certain réconfort dans l'exercice de la religion et de la charité. Soucieux des apparences, Louis XIV veille à ce qu'on la respecte. Marie-Thérèse poursuit son existence de reine délaissée et expire à l'âge de quarante-cinq ans en 1683. Louis XIV prononce une phrase qui entre dans l'histoire : "C'est le premier chagrin qu'elle me cause...". Pour être élégante, la formule illustre en même temps le manque d'intérêt du Roi-Soleil pour son épouse. Le souverain se remarie avec madame de
Maintenon, mais l'union est gardée secrète et l'ex-veuve Scarron ne sera
jamais reine. |
Marie-Antoinette de Lorraine-Autriche
(1755-1793) |
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Epouse de Louis XVI (en 1770) Que n'a-t-on pas écrit au sujet de Marie-Antoinette. Reine martyre ? Reine coupable ? Le destin de la fille de la puissante impératrice Marie-Thérèse d'Autriche oscille entre la gloire, les désillusions et le drame. L'Autriche reste très impopulaire en France, mais la cour décide d'un rapprochement diplomatique en procédant, comme de coutume, à un mariage arrangé. La princesse arrive à Versailles, débarrassée de ses effets autrichiens et fascinée par le train de vie de la cour la plus fastueuse d'Europe. Pendant sept ans, l'union des jeunes époux n'est pas consommée et même les conseils avisés de Marie-Thérèse n'y changent rien. Le roi ne semble guère porté sur les choses de la chair et Marie-Antoinette, sevrée d'affection, se console en participant aux bals de la cour. En 1774 disparaît Louis XV, et le jeune couple monte sur le trône. Marie-Antoinette n'a que dix-neuf ans. Le roi qui souffre d'une infirmité physique, se laisse convaincre par Joseph II qui le pousse à se faire opérer. Dès lors, Marie-Antoinette peut enfin accomplir son devoir de reine et donner des enfants à la dynastie. Il y aura d'abord une fille, ensuite une fausse couche puis deux fils et une autre fille. Louis XVI est un père heureux et un mari compréhensif qui cherche à combler son épouse. L'affaire du collier qui commence en 1785 accroît encore le ressentiment à l'égard de la reine. Elle réussit à se mettre à dos en même temps le peuple et la noblesse. Consciente des critiques, la reine tente de modifier son mode de vie mais le mal est fait. Pour ne rien arranger, cette excellente mère assiste avec désespoir à la mort de son fils aîné, le dauphin Louis. C'est à cette époque que s'ouvrent les états généraux, que survient la prise de la Bastille et que bientôt éclate la révolution. La famille royale est contrainte de quitter Versailles pour regagner Paris et s'établir aux Tuileries. Avec l'aide du comte de Fersen dans lequel la rumeur publique voit son amant, elle favorise la fuite de la famille royale. Ce n'est que
le début d'un long chemin de croix qui va conduire Marie-Antoinette à
l'échafaud. En dépit de toutes ces maladresses, elle doit subir les pires
avanies et calomnies. Abandonnée de tous, elle assiste à la mort de son
époux. La "veuve Capet" va devoir se défendre mais son sort est scellé. Plus
que tout, elle souffre de devoir abandonner ses enfants. Il ne lui reste
plus qu'à puiser le courage nécessaire pour mourir avec dignité. C'est en
1793 qu'elle est exécutée face à une foule de plusieurs milliers de
personnes. Avec elle, meurt la dernière reine "absolue" de la monarchie
française. |