Les Valois d'Angoulême
Jeanne de Bourgogne
(Vers 1293-1348) |
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Epouse de Philippe VI de Valois (en 1313) Sœur de l'infortuné Marguerite de Bourgogne, Jeanne ne lui ressemble pas beaucoup. On la dit cultivée, pieuse et loin d'être belle. Jeanne est certes boiteuse mais elle est intelligente et n'est pas mêlée à l'affaire de la Tour de Nesle. Elle donne plus de dix enfants à son époux dont un fils qui sera roi. Rien ne peut laisser prévoir qu'elle deviendra un jour reine de France. C'est compter sans les décès de Louis X, de Philippe V et de Charles IV, sans héritier. Dès lors, le trône passe à Philippe VI qui devient le premier roi Valois avec, à ses côtés, Jeanne, qui devient reine de France. Celle-ci
joint incontestablement d'une grande influence sur son époux, d'autant
qu'elle est particulièrement féconde (douze maternités) et font donc l'objet
de nombreuses critiques. L'époque est troublée et marque le début de la guerre de Cent Ans. Le
roi Edouard III d'Angleterre se considère comme le véritable roi de France
et défie Philippe VI. Les troupes françaises sont défaites à Crécy. Peu de
temps après, le roi fait face à une terrible calamité, la peste noire qui
décime la capitale. La reine Jeanne est également touchée par le mal
(certaines y voient une punition divine) et s'éteint en 1348. |
Blanche de Navarre
(1333-1349) |
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Epouse de Philippe VI de Valois (en 1349) A peine veuf, Philippe VI songe à se remarier. Il jette son dévolu sur la jeune et séduisante Blanche, fille de Philippe III de Navarre et de Jeanne de France qui avait pourtant été promise à son fils, le prince Jean (et qui avait déjà été destinée au prince héritier de Castille). Quand Blanche arrive à Paris, la cour est en deuil et pleure la reine Jeanne. Philippe VI tombe sous le charme de la princesse et convole en justes noces avec la fiancée de son fils. Pendant
ce temps, l'épidémie de peste continue à décimer le royaume. Le mariage ne
paraît pas placé sous les meilleurs auspices, mais Philippe VI est très
amoureux et son épouse est enceinte. Le roi n'a pas le temps de voir son
dernier enfant, il meurt avant l'accouchement. Quelques semaines plus tard,
Blanche met au monde une fille. Celui qui aurait dû être son époux monte
alors sur le trône sous le nom de Jean II et la jeune reine doit déjà se
retirer. Elle réside dès lors à Neauphle-le-Château où elle mène une
paisible existence de veuve. Elle y meurt à l'âge de soixante-cinq ans,
entourée du respect général. |
Jeanne de Boulogne
(1320-1361) |
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Epouse de Jean II le bon (en 1350) Fille de Guillaume de Boulogne et d'Auvergne et de Marguerite d'Evreux, Jeanne de Boulogne est d'abord l'épouse de Philippe de Bourgogne auquel elle donne plusieurs enfants. Devenue veuve, elle épouse le prince Jean, lui-même veuf de la princesse Bonne de Luxembourg, qui lui avait donné neuf enfants dont le futur Charles V. C'est donc un étrange mariage entre deux veufs qu'assiste la foule de Paris dans une ville affaiblie par les épidémies, la guerre et la famine. Le prince Jean est une homme difficile à cerner, aimant le luxe et facilement impulsif. En 1350, il devient roi sous le nom de Jean II et Jeanne est sacrée à ses côtés. La guerre contre les Anglais fait rage et le roi Jean est rapidement fait prisonnier. Certains pensent que la régence va revenir à Jeanne mais il n'en est rien. C'est le jeune dauphin Charles qui assume la charge. Jeanne trouve refuge en Bourgogne et assiste de loin aux luttes qui ravagent le royaume. Le dauphin se heurte à Etienne Marcel, le prévôt des marchands. Jean II ne revient à Paris qu'en 1362, soit quelques mois après la mort
de son épouse dont il n'a jamais été proche, préférant mener sa vie de
plaisirs à Londres que d'assumer le pouvoir à Paris. |
Jeanne de Bourbon
(1338-1377) |
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Epouse de Charles V le Sage (en 1350) La fille de Pierre Ier de Bourbon est promise au prince Charles de France, conformément aux vœux du roi Philippe VI. Une fois n'est pas coutume, les deux époux partagent de nombreux points communs et d'étroits liens de parenté. Le pape accorde une dispense qui rend l'union possible. Tout aussi peu habituelle est la bonne entente du couple formé par Charles et Jeanne. Les deux jeunes gens assistent à tous les événements qui bouleversent la famille, des mariages de Philippe VI à la longue captivité de Jean II. Conséquence immédiate du comportement de Jean, les époux se retrouvent très vite face à la réalité du pouvoir. Charles exerce la régence dans des circonstances troublées avant de monter sur le trône en 1364. A la tête de l'état, le couple mène une politique sage et efficace qui permet à la France de reconquérir les provinces perdues. Jeanne assiste efficacement son époux sans chercher à outrepasser son rôle. Elle l'encourage aussi dans sa politique artistique et urbanistique en achevant notamment le chantier du Louvre. Jeanne donne huit enfants au roi dont cinq meurent rapidement. Certains y
ont vu une conséquence de la consanguinité du couple. En 1377, la reine perd
la vie à son neuvième accouchement. La peine de Charles V est immense, à la
mesure de son amour pour la reine. Le roi, qui mourra à son tour trois ans
plus tard, ne se remariera pas. Rarement le royaume de France connut couple
plus uni à sa tête. |
Jeanne de Bavière
(1371-1435) |
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Epouse de Charles VI le Fol (en 1385) Isabeau de Bavière incarne bien le destin des reines étrangères qui ont souvent cristallisé l'hostilité populaire en France. A la mort de Charles V, ses frères s'emparent du pouvoir alors que le nouveau roi Charles VI n'est encore qu'un enfant de douze ans. Philippe de Bourgogne est à l'origine du mariage du jeune souverain avec la fille d'Etienne II de Bavière. Charles VI succombe au charme de sa promise dès le premier regard. Le couple est uni dans la cathédrale d'Amiens et c'est le début d'un tourbillon de fêtes et de réjouissances. La France connaît une période d'embellie qui culmine lorsque Charles VI prend la décision de renvoyer ses trois oncles, très impopulaires pour leur train de vie dispendieux. Charles VI, est surnommé le bien-aimé tandis que l'on vante volontiers la grande beauté de la reine. Isabeau est sincèrement éprise de son époux malgré ses infidélités. La reine aime l'ambiance des fêtes de la cour. La belle histoire subit un coup d'arrêt en 1392 quand le roi connaît une première crise de folie dans la forêt du Mans. Pris de démence, le souverain charge son escorte en brandissant son épée. Face à la démence du roi, ses oncles reviennent sur le devant de la scène. Ils partagent désormais le pouvoir avec le frère du roi et celui de la reine. Elle tente de conserver à la cour son train de faste, mais elle est confrontée à l'agressivité du roi qui alterne des phases de crise et d'abattement. Alors qu'il sombre dans la folie la plus totale, Isabeau lui donne sept enfants. Elle exerce la régence lorsque le roi est "empêché", mais elle est confrontée à la lutte des clans autour du trône. Prudemment, Isabeau se tient avec ses enfants hors de Paris pour ne pas
être entraînée dans la lutte. Hélas, la reine n'a pas un sens politique très
aiguisé et elle ne peut empêcher le pays de se déchirer dans une guerre des
camps. Peu de temps après, c'est au tour de Charles VI de trépasser. Isabeau
prend faits et cause pour Henri VI, en qui elle voit le nouveau roi de
France, tandis que son fils se fait sacrer à Reims sous le nom de Charles
VII. L'irruption de Jeanne d'Arc a modifié le cours de l'histoire et les
ennemis d'hier se réconcilient. Philippe de Bourgogne reconnaît en Charles
VII le roi de France et leur seul ennemi est désormais anglais. Isabeau ne
survit pas longtemps au naufrage de ses illusions. Elle meurt en 1435 et
rejoint son époux à Saint-Denis. Leur règne qui avait commencé sous les
meilleurs auspices fut l'un des plus sombres de l'histoire de France. |
Marie d'Anjou
(1404-1463) |
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Epouse de Charles VII le Victorieux (en 1422) La fille de Louis II d'Anjou est promise dès son plus jeune âge au troisième fils de Charles VI. A l'époque, elle est encore loin de se douter qu'elle sera un jour reine de France. Si Charles paraît indécis et peu énergique, Marie fait montre d'une grande volonté. Elle pousse son époux à agir et lui donne en même temps de nombreux enfants. Mais sur les treize princes et princesses, plusieurs mourront en très bas âge. Marie suit avec intérêt l'aventure de Jeanne d'Arc et elle est aux côtés de son mari quand il fait son entrée dans la capitale du royaume. Hélas, elle doit affronter un nouvel ennemi en la personne d'Agnès Sorel,
la maîtresse du roi qui jouit de toutes les faveurs royales. La jeune femme
donne plusieurs enfants au souverain et impose sa propre cour. Marie suit de
moins en moins son époux et ne se sent pas de taille à lutter contre sa
rivale. C'est au retour d'un pèlerinage que l'infortunée reine tombe malade
et meurt en 1463. |
Charlotte de Savoie
(1445-1483) |
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Epouse de Louis XI (en 1451) La fille du duc Louis de Savoie avait été promise à Frédéric de Saxe avant de faire l'objet d'une négociation entre son père et le roi Charles VII. Peu importe si le dauphin Louis a vingt ans de plus que la fillette de huit ans qu'on lui destine, la politique a ses raisons que le cœur doit ignorer. Louis a déjà été marié à Marguerite d'Ecosse, une union qui fut un bien triste mariage. Le jeune prince aime les femmes mais il semble peu les estimer. En revanche, Louis comprend toutes les subtilités de la politique et des alliances matrimoniales. Il entend profiter de l'appui de la puissante maison de Savoie pour peser dans la lutte qui l'oppose à son père. Devenu roi, Louis s'emploie à pacifier, organiser et enrichir le royaume. Dans cette entreprise, il n'a que faire de la reine qu'il "abandonne" sur les bords de la Loire en ne l'associant pas le moins du monde à la marche des affaires. Le roi la respecte d'autant moins que Charlotte tarde à lui donner un héritier. C'est finalement chose faite en 1470 en la personne du petit prince Charles. La reine est pieuse et bonne, selon l'expression du temps. Elle dépense beaucoup en dons et charité. Néanmoins, Charlotte ne recueille pas les fruits de cette "bonne action". Elle demeure dans l'ombre et caresse l'espoir d'une régence à la mort de son époux en 1483. Louis XI réussit, même par-delà la mort, à rabaisser son épouse. Il lui
refuse la régence qu'il confie à sa fille aînée. Anne de Beaujeu (celle
qu'il qualifie de "moins folle de femme de France"). La reine meurt quelques
mois plus tard, au château d'Amboise. |
Anne de Bretagne
(1476-1514) |
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Epouse de Charles VIII l'Affable (en 1491) Puis de Louis XII le Père du Peuple (en 1499) Anne a connu un destin unique dans l'histoire de France en étant deux fois reine. Fille du duc de Bretagne, la petite Anne est élevée dès son plus jeune âge pour succéder à son père. La Bretagne est indépendante et ne connaît pas la loi salique. Le jeune fille bénéficie de la meilleure éducation et n'est pas éloignée des affaires comme le sont généralement les filles dans les familles de haute lignée. Le roi de France convoite la Bretagne et le duc songe à marier sa fille au fils aîné du roi d'Angleterre. Comme celui-ci se fait assassiner par son oncle, le duc François la destine ensuite à Maximilien d'Autriche. S'appuyant sur certains seigneurs bretons en révolte, la régente de France (Anne de Beaujeu, fille de Louis XI) lance ses troupes contre les villes bretonnes qui résistent avec plus ou moins d'efficacité. Le duc de Bretagne est contraint de signer un traité qui l'oblige à demander le consentement du roi de France pour marier ses filles. Peu de temps après, le duc meurt et Anne devient duchesse. Dotée d'un conseil de régence, elle donne rapidement toute la mesure de son savoir-faire en menant les affaires de son Etat. Elle célèbre son mariage avec Maximilien par procuration et, selon la coutume, l'envoyé du prince met sa jambe nue dans le lit de la duchesse. Cette union défie le traité concédé par le défunt duc, et le roi de France en prend ombrage. Elle doit donc se résoudre à l'impensable : accepter de prendre pour époux le roi de France Charles VIII. Le duché reviendra au roi si la duchesse meurt sans enfant et, si c'est le roi qui meurt le premier, la duchesse s'engage à épouser le nouveau souverain de France. Il suffit d'une dispense papale pour annuler le mariage avec Maximilien et Anne devient reine de France. En quatre années, Anne met au monde quatre enfants (trois garçons et une fille) qui meurent tous en très bas âge. Anne impose ses goûts à la cour où elle favorise l'épanouissement du luxe et des modes nouvelles. Les espérances et les épreuves rapprochent Anne et son époux. Elle s'attache à lui au point de craindre pour sa vie lorsqu'il se met en tête de se tailler un royaume à Naples. Mais ce n'est pas sur un champ de bataille que le destin attend Charles VIII. Un jour de 19498, il heurte un linteau de son château d'Amboise et meurt quelques heures plus tard. La branche directe des Valois s'est éteinte. Anne est veuve à vingt-deux ans et elle paraît inconsolable. Pendant ce temps, l'homme qu'elle est censée épouser - le nouveau roi de France Louis XII - tente de se séparer de son épouse, Jeanne de France, fille de Louis XI. Le mariage est finalement annulé par le pape Alexandre Borgia. Dès lors plus rien n'empêche Anne de devenir pour la seconde fois reine de France. En 1499, elle met au monde une petite fille prénommée Claude qui, cette fois, vivra. Louis XII poursuit la politique de son cousin Charles VIII en Italie et semble épris de son épouse. Celle-ci lui donne un fils qui meurt rapidement. Anne est bel et bien une femme de son époque et tient une cour brillante où trouvent asile les meilleurs artistes de son temps. Elle favorise aussi les femmes auxquelles elle confie des charges importantes et généralement réservées aux hommes. Hélas, ses maternités sont marquées par le destin,
elle donne encore un fils mort-né au roi et puis une autre fille. Elle ne
perd pas espoir de donner un héritier au royaume et au duché, mais elle
tombe malade et meurt en 1514 au château de Blois. Son corps est enterré à
Saint-Denis mais la légende de la duchesse deux fois reine de France vient
de naître... |
Jeanne de France
(1464-1505) |
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Epouse de Louis XII le Père du Peuple (en 1476) Triste destin que celui de Jeanne de France qui fut pourtant une femme brillante et humaine. Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie, elle commence par décevoir son père qui espérait avoir un héritier. Pour ne rien arranger la fillette est contrefaite et fragile. Louis la destine à un enfant, Louis d'Orléans, si bien que son destin paraît tout tracé dès sa plus petite enfance. Jeanne connaît une jeunesse solitaire et austère. Son père ne lui accorde guère d'attention, ne voyant en elle que l'enjeu d'un mariage peut-être destiné à nuire à une branche concurrente de la famille royale. On ne peut difficilement imaginer couple plus mal assorti que celui de Jeanne et Louis. La jeune fille bossue, pieuse et timide est confrontée à un jeune homme plutôt séduisant et déjà expérimenté au niveau sexuel. Jeanne aime son époux qui ne lui rend que quelques visites imposées par les convenances. A la mort de Louis XI, son époux s'oppose à la régente et est emprisonné. Jeanne prend faits et cause pour lui et réussit à le faire libérer. Peut-être Louis lui en sait-il gré, toujours est-il qu'il se rapproche d'elle pendant quelque temps. A la mort inopinée de Charles VIII, Louis ne perd pas de temps. Il se fait sacrer à Reims et tient soigneusement Jeanne à l'écart. Il sait qu'il doit se séparer de son épouse pour pouvoir convoler en justes noces avec Anne de Bretagne. Jeanne a beau être habituée aux affronts depuis son plus jeune âge, le coup est particulièrement rude. Avec courage Jeanne tente de faire valoir son droit en expliquant qu'elle a bien eu des relations avec son époux. Néanmoins, le tribunal conclut à la stérilité de la reine et Louis l'abandonne sans regret pour prendre une nouvelle épouse. Commence alors un nouvel exil pour la pieuse Jeanne qui trouve un sens à
sa vie en fondant un ordre. Elle meurt en 1505, âgée de quarante ans. Son
époux a une attention tardive à son égard en lui organisant de fastueuses
funérailles. L'infortunée fille et femme de roi connut même l'affront
post mortem. Lors des guerres de Religion, son corps fut exhumé et brûlé
en place publique en 1562. Jeanne sera canonisée par Pie XII en 1950. |
Marie d'Angleterre
(1496-1533) |
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Epouse de Louis XII le Père du Peuple (en 1514) La soeur d'Henri VIII d'Angleterre est une belle et charmante jeune fille. Marie est amoureuse d'un membre de la cour, mais on ne prête pas grand intérêt aux élans de son coeur. Un prestigieux candidat l'attend de l'autre côté de la Manche en la personne du roi de France Louis XII. Marie est profondément malheureuse en découvrant son époux, prématurément vieilli (il a trente-quatre ans de plus qu'elle !). Le dégoût qu'il lui inspire ne l'empêche probablement pas de remplir son devoir conjugal mais elle n'a pas le temps de lui donner un héritier. Le roi meurt après moins de cent jours de mariage. La jeune veuve n'est plus d'une très grande utilité en France.
Elle plaide sa cause auprès de son frère et est finalement autorisée à
rentrer en Angleterre pour y épouser le duc du Suffolk qu'elle a toujours
aimé et auquel elle donnera deux filles. Elle meurt à Westhorpe en
Angleterre en 1533. |
Claude de France
(1499-1524) |
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Epouse de François Ier (en 1514) Dès son enfance, Claude fait l'objet d'une âpre lutte matrimoniale menée par ses parents. Anne de Bretagne, sa mère, la destine au futur Charles-Quint tandis que son père Louis XII préfère la fiancer au duc d'Angoulême François, son cousin germain. Anne s'oppose à cette union et Louis XII attend la mort de son épouse pour concrétiser le mariage en 1514. Claude est cultivée mais desservie par un physique ingrat. Le jeune François est amateur de belles femmes et n'attache pas grand intérêt à son épouse. C'est peu de dire que François juge Claude peu avenante. Le jeune homme est aguerri aux choses de l'amour tandis que la fille de Louis XII est un exemple de vertu et d'innocence. Louis de Savoie, la mère de François, met bon ordre dans cette confusion sentimentale en rappelant son fils à l'ordre. Une répudiation de Claude reviendrait à perdre la Bretagne et d'autres terres qui ont été rattachées à la couronne de France. Si la position de Claude paraît sauvée, les vexations n'en finissent pas pour autant. François Ier est sacré en 1515 alors qu'elle doit attendre jusqu'en 1517, après la naissance de son premier fils, le jeune François. Claude joue son rôle de mère en donnant au roi sept enfants en sept ans. Elle n'est pas associée au pouvoir, qui est confié à la puissante Louise de Savoie quand le roi est absent. Rusé, François Ier réussit à se faire léguer le duché de Bretagne et à garantir son rattachement perpétuel à la couronne de France. Peut-être subit-elle le contrecoup de toutes ces maternités, toujours
est-il que la pauvre Claude succombe à Blois en 1524. Elle n'est âgée de que
vingt-cinq ans. François Ier la pleure, mais il n'assiste même pas à ses
obsèques. |
Eléonore de Habsbourg
(V1498-1558) |
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Epouse de François Ier (en 1530) Descendante de l'empereur Maximilien Ier, Eléonore connaît une enfance tragique (un père mort prématurément et une mère qui sombre dans la folie). Soeur de l'ambitieux Charles-Quint, elle jouit d'une grande beauté mise en valeur par une longue chevelure blonde et devient rapidement l'enjeu d'une subtile négociation matrimoniale. Le prince palatin Frédéric II la convoite, mais son frère ne veux pas entendre parler de ce mariage. Elle épouse donc le roi du Portugal Manuel le Fortuné en dépit de la grande différence d'âge et des disgrâces physiques du monarque. Elle lui donne deux enfants, puis le roi meurt. Devenue veuve, Eléonore rentre à la cour de son frère. Frédéric II n'a pas perdu espoir de conquérir Eléonore, mais Charles-Quint ne veut toujours pas en entendre parler. Il la fiance cette fois au connétable de Bourbon mais une autre idée germe bientôt dans son esprit. Ayant réussi à faire prisonnier François Ier devant Pavie, le souverain espagnol imagine d'unir sa soeur au roi de France veuf depuis peu. A l'issue de nombreuses péripéties, le mariage est finalement célébré en 1531. Eléonore a beau présenter d'autres aouts que l'infortunée reine Claude, elle n'évite pas pour autant les affronts. Elle doit supporter la présence de la maîtresse de son mari à son mariage et admettre le pouvoir de sa belle-mère, la puissante Louise de Savoie. En réalité, elle ne réussit pas à trouver sa place dans une cour qui la
considère comme une ennemie en sa qualité de soeur du principal adversaire
du roi. Eléonore voyage pour tromper son ennui et se retrouve veuve pour la
deuxième fois à la mort du roi en 1547. Dès lors, son établissement en terre
de France devient de plus en plus délicat. Elle quitte le royaume pour
rejoindre les Pays-Bas, puis l'Espagne où elle finit ses jours loin des
rêves de gloire qui avaient accompagné sa jeunesse. Elle meurt en 1558, la
même année que son frère, le puissant Charles-Quint. |
Catherine de Médicis
1519-1589) |
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Epouse de Henri II (en 1533) Celle qui deviendra l'une des plus puissantes reines de l'histoire de France naît dans le somptueux palais florentin de sa famille. Fille de Laurent II, un des seigneurs les plus riches d'Europe, la jeune Catherine connaît les fastes de la Rome pontificale où ses oncles s'installent sur le trône de Pierre. Elle subit les effets de la guerre et doit fuir face aux troupes de Charles-Quint qui mettent à sac la ville éternelle en 1527. Il s'agit dès lors de trouver une alliance apte à contrebalancer l'équilibre politique du temps. On décide donc de l'unir au deuxième fils de François Ier, le prince Henri. Le mariage fait l'objet d'une débauche de luxe à laquelle la jeune Catherine est accoutumée depuis son plus jeune âge. La jeune femme découvre son époux, un jeune homme assez effacé et sous la coupe de sa maîtresse, l'impérieuse Diane de Poitiers. Le caractère de Catherine tranche avec celui de son époux. Cultivée mais superstitieuse, la princesse s'entoure d'astrologues qui lui promettent un glorieux destin. La mort du dauphin François fait d'elle une dauphine inattendue. Il n'en faut pas plus pour faire naître la réputation d'empoisonneuse florentine qui va l'accompagner toute la vie. Catherine est apprécié par François Ier et incarne cet âge de la Renaissance où s'épanouissent les arts et une nouvelle façon de vivre. Elle vit mal la présence de Diane de Poitiers, sa rivale, à laquelle Henri reste très attaché. Pour ne rien arranger, elle ne réussit pas à donner d'enfant au prince, et certains parlent déjà de répudiation. Il semble qu'une simple opération pratiquée sur Henri résolve le problème. Dès lors, Catherine donne dix enfants à son époux dont sept survivront et trois deviendront rois de France ! En 1547, Catherine devient reine au moment où la situation politique du royaume se complique. Des mesures répressives sont prises contre les protestants et la guerre contre Charles-Quint reprend. Petit à petit, Catherine acquiert d'avantage de pouvoir. Le destin bascule en 1559 lorsque le roi Henri II est blessé par son capitale des gardes écossaises, Montgomery à l'occasion d'un tournoi organisé en l'honneur des épousailles de sa soeur. Le souverain meurt quelques jours plus tard. Catherine a certes perdu son époux, mais elle n'entend pas perdre le contrôle des événements. Elle chasse son éternelle rivale Diane de la cour et assiste son fils aîné François qui devient roi sous le nom de François II. Hélas, la santé du jeune roi est précaire et son règne, éphémère. C'est à la mort du frêle monarque que Catherine prend vraiment le pouvoir. Face à l'exacerbation des haines, Catherine change de politique et accepte l'idée de se débarrasser de quelques meneurs huguenots devenus trop encombrants. C'est le fameux épisode de la Saint-Barthélemy qui provoque un terrible massacre. Catherine garde la tête froide ; elle n'est pas femme à regretter ses décisions, fussent-elles sanglantes. Elle fait élire son fils préféré Henri roi de Pologne et signe un traité pour apaiser le conflit avec les huguenots. En 1574, Charles IX expire, ravagé par les remords et le poids de ses incertitudes. Catherine rappelle immédiatement Henri, qui quitte la Pologne pour monter sur le trône de France sous le nom d'Henri III. Catherine est infatigable. Elle poursuit son action politique en tentant
de réunir autour de la couronne les tenants des deux religions. Elle
entreprend un grand voyage à travers la France et poursuit son action de
mécène. Elle angoisse de voir son fils préféré, le roi Henri III, ne pas
avoir d'enfants. Si celui-ci venait à ne pas avoir d'héritiers, la couronne
irait à Henri de Navarre, un hérétique... Ses dernières années sont
obscurcies par la montée en puissance du chef de la ligue, Henri de Guise,
qui oblige le roi et sa père à se réfugier à Blois. Elle tombe malade et
apprend que son fils a fait assassiner le très populaire duc de Guise. Elle
ne lui survit que quelques jours et meurt au début du mois de Janvier 1589.
Le destin lui évite de connaître l'assassinat de son fils tant choyé.
Catherine est inhumée à Saint-Denis, mais après l'accession au trône de
l'hérétique prince de Navarre converti au catholicisme, comme elle l'avait
prédit. |
Marie Stuart
(1542-1587) |
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Epouse de : François II (en 1558) La petite princesse Marie est la fille de Jacques V, roi d'Ecosse, qui meurt quelques jours après sa naissance. La voilà donc reine d'Ecosse alors qu'elle n'est encore qu'un bébé. C'est le début d'un formidable et tragique destin qui va la conduire de manière éphémère sur le trône de France. Sa mère Marie de Guise la fiance au dauphin de France alors que les enfants n'ont encore que six ans. La petite Marie bénéficie de la meilleure éducation et s'intéresse très jeune aux arts. En revanche, elle ne s'éprend pas de son époux maladif et loin d'être séduisant. Marie est fière et coquette. Consciente de son rang, elle se montre impétueuse et accepte mal d'être contredite. A la mort inopinée d'Henri II, François II monte sur le trône et Marie
devient reine de France. Le règne sera court puisque le jeune roi meurt dès
1560. Entre-temps, la mère de Marie est morte et la jeune reine est seule
maîtresse du royaume d'Ecosse. Elle revient dans son pays à l'âge de vingt
ans. Son manque de sens politique et ses tâtonnements sentimentaux la
pousseront à chercher refuge auprès de sa cousine Elisabeth Ier, reine
d'Angleterre. Marie s'est jetée dans la gueule du loup et, au terme d'une
longue captivité, elle est décapitée en 1587. A cette époque, la France l'a
déjà oubliée depuis longtemps. |
Elisabeth d'Autriche
(1554-1592) |
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Epouse de : Charles X (en 1570) Fille de l'empereur Maximilien II, Elisabeth apparaît comme le meilleur parti aux yeux de Catherine de Médicis. D'autre part, les Habsbourg font figure de dynastie catholique par excellence en Europe et l'union n'en paraît dès lors que plus légitime à ses yeux. Elisabeth est donc unie au roi Charles IX, âgé de vingt ans. Le souverain n'est guère séduisant et souffre d'un caractère instable. Elisabeth constate vite que le véritable maître du royaume de France n'est autre que Catherine de Médicis, qui tient son faible fils sous sa coupe. Elisabeth ne comprend pas grand-chose à la vie de la cour. La reine goûte peu les fêtes auxquelles elle préfère les travaux d'aiguilles et la pratique de la religion. Elle condamne fermement les huguenots et n'apprécie pas la ronde des fêtes incessantes. Elle ne parle pas le français et ne réussit qu'à donner une fille au roi. Son "règne" ne dure que quatre années et elle se retrouve veuve à la mort de Charles IX en 1574. Son chagrin est immense et touche ses contemporains. Elle regagne alors l'Autriche où elle refuse le nouveau mariage qui lui
est proposé. Toujours très religieuse, Elisabeth préfère se retirer et se
livrer à la prière. Elle meurt en 1592 et est inhumée à Vienne. |
Louise de Lorainne-Vaudémont
(1553-1601) |
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Epouse de : Henri III (en 1575) Fait rare dans l'histoire de France, le mariage de Louise n'est pas dû à un calcul dynastique. Alors qu'il se rend en Pologne pour y coiffer la couronne royale, Henri fait la connaissance de cette jeune aristocrate (fille de Nicolas de Lorraine-Vaudémont) dont il s'entiche. A la mort de Marie de Clèves - la femme qu'il aime réellement - Henri est devenu entre-temps roi de France et décide d'épouser la douce Louise. D'humeur changeante, Henri III tient son épouse à l'écart de la marche des affaires du royaume. Le pouvoir de Catherine de Médicis ne laisse de toute façon guère de place à une autre femme à la cour. Louise ne réussit pas à donner d'héritier au souverain qui, malgré de nombreux écarts, ne délaisse pas sa femme. Des sentiments de jalousie naissent de part et d'autre puisque Henri redoute aussi que l'on s'approche de son épouse. Les souverains accomplissent de nombreux pèlerinages pour stimuler la fertilité de Louise mais sans succès. La reine assiste aux événements tragiques de la fin de vie de Catherine et bientôt à celle du règne de son mari. Après l'assassinat d'Henri III, elle s'établit à Chenonceaux avant de se retirer dans un couvent de Moulins où elle se consacre à la prière pendant une dizaine d'années. Elle s'éteint en 1601, dans la discrétion et
l'oubli propres aux dernières reines Valois. |