La découverte de Pompéi et les fouilles
La légende de la cité perdue Pompéi fut oubliée avec le temps. Au Ve siècle de notre ère, Rome s'effondra et l'Italie connut les grandes invasions. Mais la légende de la cité perdue survécut plus de mille ans. En 1594, un noble de la région voulut amener dans sa villa de Torre Annunziata les eaux du Sarno par une canalisation souterraine. En creusant au pied du volcan, des ouvriers mirent au jour des maisons en ruines. Ils découvrirent entre autres cette inscription : "Decurio Pompeis". Comme elle se référait à un magistrat municipal (decurion) de Pompéi, elle fut mal interprétée : on crut qu'il s'agissait d'une villa du grand Pompée et ce fait divers fut bientôt oublié. Un siècle plus tard, lors du creusement d'un puits, on découvrit de nouvelles inscriptions ayant trait à Pompeis, de nouveau mal interprétées.
Découverte d'Herculanum et de Pompéi Malgré ces deux découvertes, Pompéi ne fut pas la premières des cités ensevelies à être mise au jour. En creusant un puits, un paysan découvrit en 1710 sur la côte, à Resina (13 km a nord), de grandes dalles en marbre. Un noble de la région en comprit immédiatement l'intérêt et acheta le terrain. Herculanum venait d'être découverte. Une véritable chasse au trésor commença alors. Herculanum fut pillée pendant près de quarante ans. Les objets d'arts exhumés lors des fouilles allaient orner les maisons de la noblesse. Lorsque les fouilles s'avérèrent plus difficiles, on se souvent des autres découvertes : les fouilles de Pompéi débutèrent ainsi le 23 mars 1748. Pendant plus d'un siècle, les fouilles furent conduites au hasard. Elles dépendaient entièrement des rois de Naples, qui changeaient en fonction des rivalités entre les puissances autrichiennes, espagnole et française en Italie.
Fiorelli poursuit les fouilles En 1860, l'Italie réalise son unité. Nommé professeur d'archéologie à Naples, Giuseppe Fiorelli se chargea des fouilles de Pompéi et fut le premier à leur donner un caractère scientifique.
Fiorelli fit d'abord enlever les déblais de terre qui s'accumulaient à proximité des chantiers et encombraient le site. Il nettoya ensuite les rues, ce qui fit apparaître un plan de la cité. Pompéi fut alors divisée en régions, elles-mêmes réparties en pâtés de maisons, ou insulae, et on affecta un numéro d'immatriculation à chaque maison et à chaque boutique (Ainsi la maison de Lucius Ceius Secundus se trouve dans la Region I, insula 6, porte 15).
Voir : 00c_plan_pompei.htm
Les carnets de fouilles de Fiorelli Pour la première fois, des comptes rendus détaillés des fouilles furent établis et conservés. Chaque objet découvert voyait son lieu, sa position et sa profondeur dans le sol répertoriés. Les premières conclusions qui pouvaient être tirées étaient également notées. Partout où c'était possible, Fiorelli décida de laisser les objets dans leur position originelle. Mais tous les objets de grande valeur avaient déjà été dérobés pour former de riches collections. Des peintures avaient été détachées des murs, des mosaïques arrachées du sol. Des trésors inestimables ont été ainsi volés à Pompéi par des collectionneurs sans scrupules. Aujourd'hui encore, des touristes cassent des objets pour en emporter les morceaux en guise de souvenir. Fiorelli reste surtout célèbre pour ses moulages en plâtre des squelettes des morts retrouvés à Pompéi. L'extraordinaire n'est pas tant le squelette lui-même, mais les dernières attitudes, imprimées dans les cendres, des Pompéiens surpris par la mort.
Corps de deux femmes
Corps découverts escalier menant dans les abris à bateaux
Corps découverts dans des abris à bateaux sur la plage
Cendres et lapilli avaient recouvert les corps. Puis la pluie, en tombant, boucha avec la cendre les interstices existant entre les pierres ponces. Les corps furent ainsi emprisonnés dans un moule durci. Avec le temps, chairs et vêtements se décomposèrent, ne laissant plus que le squelette. Mais l'attitude de chacun des corps a été imprimée dans les cendres. Fiorelli inventa alors une méthode de moulage des corps : il injecta sous pression du plâtre dans la cavité laissée par le corps. Ce procédé est depuis utilisé pour mouler les portes, les volets ou les racines d'arbre.
On découvrit ainsi, lors des fouilles de la maison de Veronius Primus, un chien muni d'un collier. Celui-ci étaient tenu en laisse dans l'atrium par une chaîne. Par l'ouverture du toit, les cendres emplissaient peu à peu la pièce. La pauvre bête escaladait les scories autant que le lui permettait la longueur de sa chaîne. Elle fut enterrée vivante alors qu'elle se débattait pour se libérer.
Les dernières fouilles Les techniques de fouille se sont améliorées depuis l'époque de Fiorelli. En général, le poids des lapilli sur les toits fut à l'origine de l'effondrement des bâtiments de Pompéi. Le sommet de ceux qui restèrent debout, et ressortaient au-dessus des cendres, servit de matériaux de construction aux générations suivantes. Aussi trouve-t-on rarement un bâtiment de plus de quatre mètres de hauteur. Beaucoup, depuis, ont été restaurés, leur toit refait, et peuvent maintenant être visités.
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